Le musée sur Radio Fuze



Retrouvez le musée d'Uzès dans l'émission "Fréquence Musées", tous les mois sur Fuze  !
Et découvrez chaque mois un objet insolite des collections du musée.
Chaque émission est diffusée le premier  lundi du mois, de 9h15 à 9h45, et peut aussi être réécoutée sur ce site. 
Vous pouvez également découvrir l'objet du mois en visite guidée au musée !









L’objet du mois de mai 2025 : « Suite Racinienne », par Michel Danton

A quoi ça ressemble ?

C'est une feuille de papier sur laquelle sont dessinées au pinceau des formes sombres, rehaussées de touches de couleur. Des morceaux de tissu colorés sont également cousus sur le papier avec un point en zig-zag. Dessin et tissu laissent entrevoir des lignes d'écriture manuscrite, dont la calligraphie et le style semblent anciens.

Qui l’a fabriqué ?
Le dessin porte un titre, une date et une signature en bas : « Suite Racinienne – X 2021 - Michel Danton ».
Né en 1952, Michel Danton est un artiste (peintre et surtout dessinateur) qui vit en Gironde. Il travaille sur, avec, dans l’écriture. Il aime dessiner sur des « papiers d’occasion » : papiers déjà écrits ou imprimés, qu’il glane et réutilise comme supports pour des dessins à l’encre de Chine et aux encres de couleur. Il y superpose parfois des fragments d’étoffe colorée (la tarlatane, sorte de gaze), qu’il coud sur le papier. Les motifs dessinés et les morceaux de tarlatane créent des effets de transparence, laissant en partie lisible le texte sous-jacent.
Passionné de littérature, Michel Danton travaille parfois d’après les manuscrits d’écrivains comme Louis Guilloux. Il réalise aussi des livres d’artiste avec des auteurs contemporains tels que Bernard Noël.

Qu’est-ce que ça représente et de quand ça date ?
La ville d’Uzès est marquée par les séjours de deux écrivains majeurs : Jean Racine au XVIIe siècle, puis André Gide au XIXe siècle. C’est à Racine que Michel Danton a choisi de rendre hommage avec sa « Suite Racinienne ». Alors tout jeune homme, orphelin et sans fortune, Racine était venu à Uzès en 1661-1662, auprès de son oncle Antoine Sconin, vicaire général de l’évêque d’Uzès, dans le but d'obtenir une place de chanoine à la cathédrale d’Uzès. Ses démarches ayant échoué, il revint à Paris où il se lança dans la carrière de dramaturge. Il avait eu le temps d’écrire à ses proches 24 lettres (les « Lettres d’Uzès »), où il raconte sa découverte de la région et ses espoirs déçus de recevoir un « bénéfice ecclésisastique ». C'est dans une de ces lettres qu'il écrivit la célèbre formule « Et nous avons des nuits plus belles que vos jours » pour vanter à ses amis parisiens la douceur du climat uzétien...
Les manuscrits originaux des lettres de Racine sont conservés à la Bibliothèque Nationale de France. Michel Danton a travaillé sur des reproductions des lettres manuscrites, réalisant en 2021-2022 une vingtaine d’œuvres spécialement pour une exposition qui a eu lieu en 2023 au musée d’Uzès.
Les dessins de Michel Danton ne décrivent pas mais suggèrent des images en lien avec le texte manuscrit. Une grande courbe évoque l’amphithéâtre de Nîmes visité par l’écrivain, des formes rondes prolongées par une verticale rappellent les silhouettes de petits arbres : peut-être des oliviers, si exotiques pour le jeune parisien qu’était Racine… Souvent les formes sont abstraites, proches d’une calligraphie dont la lecture nous demeure mystérieuse, dans une démarche artistique qui peut rappeler Henri Michaux ou Pierre Alechinsky.

Comment est-ce arrivé au musée ?
Après l’exposition de 2023, le musée a souhaité conserver quelques-uns des dessins et en a acheté six à l’artiste. Celui-ci a eu la générosité d’en donner un septième.
Ces dessins vont être à l'honneur lors de la Nuit des Musées, qui aura lieu le 17 mai. En effet le musée d'Uzès participe à l'opération « La Classe, l'Oeuvre », organisée par les ministères de la Culture et de l'Education Nationale. Le principe est qu'une classe travaille à partir d'une œuvre d'un musée et que les réalisations des élèves soient présentées lors de la Nuit des Musées. Cette année, c'est la classe de CM1-CM2 de l'école de Saint-Victor des Oules qui s'est inspirée de la « Suite Racinienne » de Michel Danton : le résultat est à découvrir le samedi 17 mai. Ce soir-là le musée d'Uzès sera ouvert en nocturne et en entrée libre de 20h à 23h.



L’objet du mois d'avril 2025 : tête de bébé, par Joseph Wipff


A quoi ça ressemble ?
C'est une petite sculpture en terre cuite d'une quinzaine de centimètres de haut, représentant une tête de bébé coiffé d'un bonnet, avec une serviette ou un bavoir sous le menton.

Qui l’a fabriqué ?
Une signature est lisible sur le côté droit de la base : « J. WIPFF ». Il s'agit de Joseph Wipff, un sculpteur né à Nîmes le 6 mars 1864. Il se forme à l’école des Beaux-Arts de Nîmes, puis aux Beaux-Arts à Paris, où il est élève du sculpteur Gabriel Jules Thomas. En 1891, il est admis à la 2e épreuve du Prix de Rome en sculpture, mais il ne semble pas qu’il ait dépassé ce stade.
Avant même la fin de sa scolarité, dès 1886, il expose au Salon des Artistes Français pendant une dizaine d’années, surtout des portraits en bustes. Ses envois s’espacent puis cessent après 1913.
A cette période il aurait travaillé comme « praticien » pour le sculpteur Saint-Marceaux. En effet les sculpteurs du XIXe siècle employaient toute une équipe dans leurs ateliers car ils travaillaient en plusieurs étapes, dont certaines étaient déléguées à leurs praticiens (beaucoup de grands sculpteurs firent d’ailleurs leurs débuts comme praticiens pour d’autres). L’artiste créait d’abord un prototype en terre crue modelée. Ce matériau ne se conservant pas, un moulage en plâtre était effectué et c’est à partir de ce plâtre original que des versions en bronze, en marbre ou en plâtre pouvaient être proposées aux acheteurs. Les bronzes étaient réalisés dans des fonderies spécialisées mais les marbres étaient taillés par les praticiens de l’atelier.
Un article d’Aimé Guilhaudin, dans le Journal d’Uzès du 15 avril 1939, nous apprend que Wipff eut un employeur inattendu : la duchesse d’Uzès ! Celle-ci était artiste sculpteur sous le pseudonyme de Manuela. Elle voulait réaliser une statue de Diane pour son château de Bonnelles dans les Yvelines et demanda son aide au sculpteur Saint-Marceaux, « qui lui envoya l’un de ses meilleurs praticiens qui était précisément Wipff. Après un accueil des plus aimables, la duchesse dit à celui-ci :

- Je vous dirai tout d’abord que je compte vous occuper à Bonnelles pendant cinq ou six mois. Combien gagnez-vous chez M. Saint-Marceaux ?
- Douze francs par jour, madame la duchesse.
- Eh bien ! ici, vous aurez quinze francs pendants tout votre séjour.
- Je vous remercie, madame la duchesse.
- Oh ! bornez-vous à dire simplement « Madame », mon ami. « Madame la duchesse », ça, c’est bon pour les larbins. »

Après la Première Guerre, Wipff collabore à la Société de Grès Flammés et Céramiques (G. F. C.) de Saint-Amand-en-Puisaye, entre 1920 et 1924. Par la suite il revient dans le Gard : en 1924-25 il réalise le monument aux morts de Saint-Hippolyte du Fort. Dans les années 1930, il travaille pour la fabrique de céramiques Pichon à Uzès (qui éditait non seulement de la vaisselle mais aussi de petits bustes et médaillons en céramique). Peut-être avait-il été recommandé par la duchesse d’Uzès, qui avait un atelier de sculpture au sein de la manufacture Pichon ? Wipff décède à Uzès le 27 août 1939, c’est son employeur Henri Pichon qui déclare le décès à l’état-civil.

Qu’est-ce que ça représente et de quand ça date ?
Wipff a réalisé plusieurs versions de ce bébé, à partir des années 1920 : la plus ancienne est sans doute une version en grès de Puisaye, qu'on peut dater de ses années de collaboration avec la Société des Grès Flammés et Céramiques de Saint-Amand en Puisaye, donc entre 1920 et 1924. En 1926, Wipff expose une version en marbre à Nîmes (sous le titre « Le Nourrisson ») : c’est sans doute l’œuvre conservée au musée des Beaux-Arts de Nîmes sous le titre « Tête d’enfant » et datée de 1926. Notre version en terre cuite n'est pas datée. Son matériau est identique à celui utilisé par la fabrique Pichon, donc elle a pu être réalisée dans les années 1930 au moment où Wipff était employé chez Pichon. Malgré quelques usures sur la joue et un manque sous la base, la terre cuite paraît plus expressive que le marbre, d’apparence plus figée.
Wipff semble avoir été influencé par le sculpteur et céramiste Jean Carriès (1855-1894), qui a réalisé plusieurs têtes de bébé, souvent coiffées d’un bonnet, surgissant d’une collerette ou d’un drapé, isolées du reste du corps (les épaules et le buste ne sont pas représentés). Carriès avait été à l’origine de la mode des grès de Puisaye : il s’était installé près de Saint-Amand en Puisaye à partir de 1888, pour se lancer dans la céramique. C’est peut-être lors de ses années de travail pour la société GFC que Wipff a pu voir le travail de Carriès et s’en inspirer.

Comment est-ce arrivé au musée ?
L’œuvre a été achetée en 2023 par les Amis du musée à un brocanteur uzétien, qui vendait également un lot de vaisselle en biscuit provenant de l’ancienne fabrique Pichon (alors en cours de démolition) ; il est probable que le buste vienne du même endroit. La famille Pichon a confié en dépôt au musée d’Uzès un important ensemble de céramiques parmi lesquelles figurent deux sculptures de Wipff : un bas-relief (portrait d’Henri Pichon, 1938) et une réduction d’après la nymphe de la Fontaine d’Eure, une des figures de la fontaine monumentale de James Pradier à Nîmes (1851).




L’objet du mois de mars 2025 : chenet zoomorphe, âge du Fer


A quoi ça ressemble ?
C’est un objet en terre cuite rouge, mesurant 15 cm de haut, représentant une tête d’animal aux oreilles pointues, au museau carré, à l’encolure large. Elle est cassée au bas du cou. L’argile a été modelée et creusée de stries profondes évoquant les dents et le pelage de l’animal.

Comment est-ce arrivé au musée ?
C’est un mystère ! Cet objet se trouvait déjà au musée d’Uzès en 1945, lorsque le nouveau conservateur Georges Borias a entrepris l’inventaire des collections. Mais comme beaucoup d’objets du musée, cette tête d’animal avait sans doute perdu son cartel d’identification et le conservateur n’a pu que mentionner « origine inconnue » dans le registre d’inventaire.

D’où ça vient ?
Un article du Bulletin Archéologique du Comité des Travaux Historiques nous éclaire : lors de la séance du 14 décembre 1936, sont présentées au Comité les découvertes récentes de l’abbé Bayol, curé de Collias et archéologue amateur. L’abbé Bayol s’est notamment fait connaître par ses explorations des grottes des gorges du Gardon, dont l’une (ornée de peintures rupestres de la Préhistoire) porte même son nom. L’article du Bulletin Archéologique signale qu’il a trouvé « trois chenets en argile, encore inédits, découverts l’un à Uzès […], les deux autres […] à Collias. » Hélas l’article ne précise pas l’endroit exact de la découverte à Uzès. Mais l’illustration ne laisse aucun doute : c’est bien notre tête d’animal qui a été trouvée à Uzès par l’abbé Bayol, au plus tard en 1936.
Or l’abbé Bayol avait participé à une commission créé en 1931 par la municipalité d’Uzès pour « s’occuper de la réorganisation et la remise en ordre du musée » ; en effet le musée, créé en 1910, connaissait depuis la Première Guerre une phase d’abandon. Un article du Journal d’Uzès du 30 juillet 1938 confirme son intervention : le maire d’Uzès rappelle que « M. le Curé de Collias, le savant abbé Bayol, […] a bien voulu se charger de remettre en ordre cette importante collection de coquillages et d’objets préhistoriques. »
Il est donc possible que l’abbé ait fait don de cet objet au musée qu’il a réorganisé, entre 1931 et 1936.

De quand ça date ?
D’après la comparaison avec des objets similaires, cet objet date de la fin de l’Age du Fer (entre le Ve et le Ier siècle av. JC). L’âge du Fer débute vers 800 avant notre ère et se termine avec la conquête de la Gaule par les Romains. C’est une période d’évolution technologique, avec la maîtrise de la métallurgie, qui est également caractérisée par des sociétés de plus en plus hiérarchisées : les guerriers, possesseurs d’armes en fer, ont une position dominante. Les contacts avec le monde méditerranéen s’intensifient, particulièrement dans le sud de la Gaule avec la présence de colons grecs à Marseille, Nice, Agde, et dès le Ier siècle avant JC avec l’implantation des Romains en Narbonnaise. C’est peut-être sous l’influence des Grecs et des Romains qu’apparaissent les premières villes : l’habitat se concentre dans des enceintes fortifiées, souvent situées en hauteur, les oppida.
Les Gaulois partagent une culture commune mais ils ne sont pas un peuple unique, plutôt une juxtaposition de tribus souvent en guerre les unes avec les autres. Le Languedoc oriental est le territoire des Volques Arécomiques, connus à partir de la fin du VIe siècle.

A quoi ça servait ?
Comme l’indique le Bulletin Archéologique, c’est un fragment de chenet. Les chenets n’ont aujourd’hui plus qu’un rôle utilitaire dans nos cheminées, ils servent de support aux bûches. Pour les Gaulois, ils étaient sans doute également liés à des pratiques rituelles : on jetait dans le feu les offrandes aux divinités ou aux défunts (nourriture, statuettes, objets précieux). Il s’agissait d’un culte domestique, pratiqué dans chaque foyer, attesté en Languedoc à partir du Ve siècle avant notre ère. On a retrouvé de nombreux chenets en terre cuite dans la zone entre Rhône et Hérault. Plus tard, à l’époque gallo-romaine, apparaissent des chenets plus volumineux, en pierre. Tous ces chenets sont généralement ornés de têtes d’animaux : chiens, chevaux, béliers. Le terme même de chenet vient de « chiennet » ou « petit chien » !
Pour l’identification de notre animal, les avis divergent. Le Bulletin Archéologique décrit une tête de chien. Dans son livre Uzès celtique et romaine, Jean Charmasson pense reconnaître un cheval. Alors, qui a raison, chien ou cheval ? on pourrait aussi y voir un sanglier… Comme le rappelle très justement Jean Charmasson, la sculpture gauloise n’est jamais réaliste ; les formes sont simplifiées, souvent difficiles à identifier avec précision. Le chien et le cheval avaient pour les Gaulois un rôle symbolique fort : le chien était le gardien du foyer, et le cheval transportait les âmes des défunts dans l’au-delà. Tous deux avaient donc leur place sur un objet lié au culte des défunts et à la protection du foyer.
La découverte de cet objet à Uzès nous confirme qu’il y avait bien là dès l’époque gauloise une agglomération, qui sera connue à l’époque gallo-romaine sous le nom d’Ucetia.




L’objet du mois de février 2025 : bannière de la Société des Agriculteurs d’Uzès

A quoi ça ressemble ?

C’est un drapeau en soie verte bordé de franges dorées, mesurant environ 1 m de haut sur 1 m de large. Le centre est occupé par une bande horizontale de soie blanche, portant un décor brodé des deux côtés. D’un côté il représente dans un écusson un homme portant un long vêtement noir, accompagné de deux enfants. De l’autre côté on reconnaît divers outils, arrangés en composition symétrique, entourés de branches de chêne.

Qu’est-ce que ça représente ?
Le personnage avec les enfants est Saint Vincent de Paul, un prêtre français né en 1581 et mort en 1660, canonisé en 1737 pour son engagement dans les œuvres de charité. Il a créé plusieurs ordres religieux (Lazaristes, Filles de la Charité) et fondé à Paris l’hôpital des Enfants Trouvés pour accueillir les orphelins. C’est pour cela qu’on le représente souvent comme un prêtre en soutane noire, accompagné de petits orphelins.


De l’autre côté, les outils représentés sont ceux des agriculteurs : charrue, bêche, fourche, faucille, râteau, fléau, accompagnés très logiquement par des gerbes de blé.

A quoi ça servait ?
Notre objet est une bannière d’association, comme le revendique l’inscription brodée en lettres d’or : celle de la « Société des agriculteurs d’Uzès, Gard, fondée en 1801 ». Elle s’inscrit dans le système des corporations, hérité de l’Ancien régime. Avant la Révolution, pour exercer une profession, en particulier dans l’artisanat, il fallait avoir suivi un apprentissage auprès d’un membre de la corporation (sanctionné, pour les artisans, par une épreuve pratique finale, la réalisation d’un « chef-d’œuvre ») et avoir été reçu dans cette corporation. Les corporations avaient à la fois un rôle de formation professionnelle, de syndicat défendant les intérêts de la profession, de « conseil de l’Ordre » (contrôle du respect des règles) et de mutuelle qui venait en aide aux membres malades ou à leur famille en cas de décès.
En 1791, la Révolution supprima le système des corporations, offrant la possibilité à chacun d’exercer le métier de son choix. Sous la Restauration, le rétablissement des corporations fut envisagé mais non réalisé, cependant à cette période réapparurent des associations professionnelles, sans réel pouvoir autre que le secours mutuel et souvent placées sous l’invocation d’un saint catholique. Notre Société des agriculteurs a été précurseur puisqu’elle est apparue dès 1801.
Le Journal d’Uzès du 12 octobre 1929 signale qu’elle a été « fondée en Pluviôse, an IX de la première République [donc en janvier ou février 1801], elle est certainement une des plus vieilles corporations de France encore existantes. Notre chère cité d’Uzès a vu maintes fois en ces dernières années ses adhérents défiler dans les rues de la ville, précédés de son vénérable drapeau vert. »
Créée sous la Première République, la Société était-elle placée dès l’origine sous le patronage d’un saint catholique ? Napoléon Bonaparte, premier consul, venait de rétablir la liberté de culte… mais la liberté d’association était étroitement contrôlée. L’objet de la Société (soutien aux agriculteurs, majoritaires dans la population à l’époque) était suffisamment consensuel pour permettre son existence.
Au XXe siècle, les corporations seront peu à peu remplacées par les syndicats et les mutuelles que nous connaissons aujourd’hui. Mais la Société était encore active en 1929, puisque l’article du Journal d’Uzès cité plus haut annonce une réunion de ses adhérents.

De quand ça date ?
Le style de cette bannière et les broderies visiblement réalisées à la machine sont certainement plutôt datables de la fin du XIXe siècle que de 1801. Il est possible que le choix de Saint Vincent de Paul comme patron date lui aussi de la fin du XIXe siècle, en effet le pape Léon XIII l’avait institué patron de toutes les œuvres charitables en 1885.

Comment est-ce arrivé au musée ?
Comme pour beaucoup de collections anciennes du musée, le mode d’entrée de cet objet reste inconnu. La bannière a été un temps conservée dans la sacristie de l’ancienne cathédrale d’Uzès, comme le mentionnent les inventaires des biens de la paroisse établis par le Diocèse en 1905 puis par l’Etat en 1906. Le musée d’Uzès a été créé en 1910. A cette date la Société des agriculteurs d’Uzès était encore active, on a vu qu’elle le restera au moins jusqu’en 1929. Par la suite il est possible que la bannière ait été stockée dans la mairie. Un registre d’inventaire du matériel de la commune d’Uzès, établi vers 1942, recense trois drapeaux de sociétés dans la salle des Drapeaux. Hélas il ne précise pas de quelles sociétés il s’agit ! Le musée se trouvant alors dans l’hôtel de ville, lorsque le conservateur Georges Borias a établi un premier inventaire des collections en 1945, il a peut-être inclus ces vieilles bannières. En tous cas quatre drapeaux de société figurent dans les collections (celle des Maçons, des Charpentiers, des Agriculteurs et des Boulangers), sans indication de provenance.
Du fait de la fragilité du tissu, cette bannière n’est pas exposée en permanence.



L’objet du mois de janvier 2025 : collection de coquillages

A quoi ça ressemble ?
C’est un ensemble d’une vingtaine de caisses en bois peintes en noir, avec un couvercle vitré. A l’intérieur sont rangés des coquillages, fixés sur des cartons portant des inscriptions en latin avec une belle écriture à la plume.

Qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit d’une collection de coquillages, classés par espèces : les inscriptions en latin correspondent à leur nom scientifique, le lieu de collecte est également indiqué.

Qui l’a fait et de quand ça date ?
Cette collection a été constituée au 19e siècle par un Nîmois, Emile Espérandieu. C’était un employé des chemins de fer, né vers 1851 à Vézénobres. Il ne faut pas le confondre avec son célèbre homonyme, le commandant Emile Espérandieu (1857-1939), éminent archéologue et auteur du magistral Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine. Notre Espérandieu s’intéressait non pas à l’archéologie mais aux sciences naturelles et plus particulièrement aux coquillages, qu’il commence à collectionner à l’adolescence, accumulant ainsi en une quinzaine d’années 2000 espèces différentes. Il les classe et en établit le catalogue manuscrit. Sa préface, datée du 1er janvier 1890, nous apprend que la collection a été constituée principalement par collectes dans les rivières et rivages méditerranéens de Nice à Agde, et « en draguant avec des appareils perfectionnés ou de mon invention la vase des marais et des canaux ». Les spécimens exotiques ont été acquis par échanges avec d’autres collectionneurs, et par achats : « Quelques espèces exotiques rares m’ont été vendues au retour des bateaux faisant le service des mers de l’Extrême-Orient. »
Espérandieu signale qu’il a collaboré au classement de la collection de coquillages du muséum de Nîmes, il a donc une certaine expérience dans ce domaine et reprend d’ailleurs la classification adoptée par le muséum, celle de Woodward : le scientifique anglais Samuel Pickworth Woodward (1821-1865), auteur d’un manuel de conchyliologie, publié en français en 1870.
Il précise quelles sont les espèces représentées à la fois dans sa collection et celle du muséum, et surtout, par « un amour-propre bien légitime, que tout collectionneur comprendra », celles qui ne figurent que dans sa collection !

Comment est-ce arrivé au musée ?
Emile Espérandieu décède à une date inconnue. En avril 1913, sa veuve décide d’offrir sa collection au musée d’Uzès, qui venait d’être créé en 1910. Pourquoi au musée d’Uzès et pas au muséum de Nîmes ? Peut-être parce que Mme Espérandieu était née à Moussac et semble y être revenue après la mort de son mari : elle a sans doute privilégié le musée le plus proche. De plus, même s’il y avait dans la collection quelques espèces non représentées au muséum de Nîmes, ce dernier possédait déjà des spécimens de la plupart de ces coquillages.
Le 4 mai 1913, le journal Le Petit Méridional annonce avec enthousiasme : « La collection offerte à la Ville d’Uzès par Mme Espérandieu-Rouvière, de Moussac, […] est splendide. Près de 600 spécimens, classés dans 27 vitrines, ont été recueillis dans les divers pays du monde. Au moyen de ce classement, on peut facilement faire en quelques heures un cours complet de conchyliologie. On frémit en songeant à ce qu’il a fallu d’intelligente patience aux deux époux pour mener à bonne fin ce travail merveilleux. Une des salles de la mairie est réservée à cette précieuse collection, qui fera l’admiration de tous les visiteurs. » Le 31 mai suivant, le journal indique que des étagères sont aménagées pour présenter les vitrines, signe de l’intérêt porté par la ville d’Uzès à cette collection.
Actuellement, sur les 27 vitrines citées, 22 sont conservées, 5 ont disparu ; deux caisses retrouvées en réserve contiennent aussi des coquillages en vrac, certains encore collés sur leur carton de présentation. Il faut dire qu’après l’arrivée de la collection, les difficultés commencent pour le musée d’Uzès : à la suite de la Première Guerre, les bénévoles qui le soutenaient disparaissent peu à peu. Le musée sombre alors dans l’abandon jusqu’à l’arrivée de l’enseignant Georges Borias, qui en devient le conservateur à partir de 1945. Durant cette période d’abandon, des vitrines ont pu être déplacées voire volées ou détruites...
Heureusement l’essentiel de la collection de coquillages est conservé, même si elle ne peut être présentée en permanence, faute de place. Méditons la conclusion d’ Espérandieu à la préface de son catalogue : « Puisse mon modeste travail servir d’exemple aux désœuvrés de la vie et à tous ceux qui traversent le monde infini de la Création, sans tomber en admiration devant l’éternelle beauté de la Nature. »






L’objet du mois de décembre 2024 : photographie par Ulysse Dumas


A quoi ça ressemble ?
C'est une photographie en noir et blanc montrant trois enfants, debout devant un mur : une fillette qui tient d'une main des livres et un panier d'osier, de l'autre un bouquet de fleurs, un garçon portant un sac à bretelles et un béret, et un petit garçon vêtu d'une blouse à carreaux.

Comment est-ce arrivé au musée ?
Le négatif de cette photographie fait partie d'un lot donné par Anita Dumas en 1980 : des négatifs sur plaques de verre réalisés par son père Ulysse Dumas au début du 20e siècle, ainsi que son appareil et son matériel photographique. Des tirages ont été réalisés à partir de ces négatifs par Catherine Tauveron en 2009.

Qui l’a fait ?
Ulysse Dumas est né en 1872 dans une famille aisée de propriétaires terriens à Baron, entre Uzès et Alès. Il étudie au collège d’Uzès puis au lycée d’Alès, avant de reprendre la ferme familiale après le décès de son père en 1897. Parallèlement à son métier d’agriculteur, Ulysse Dumas se passionne pour l’archéologie, présidant le petit Groupe Spéléo-archéologique d'Uzès.
A la différence des autres archéologues amateurs, Ulysse Dumas ne fouille pas juste pour se constituer une collection, mais mène une véritable réflexion scientifique qu’il communique dans des publications et transmet aussi au Comité des Travaux Historiques du ministère de l'Instruction Publique. Son travail est salué par les spécialistes, mais sa santé est fragile et il décède en 1909 à seulement 36 ans.
Ulysse Dumas n'était pas seulement un scientifique mais avait aussi une sensibilité artistique : il écrivait de la poésie et pratiquait la photographie. Ce nouveau média était encore réservé aux personnes disposant de bonnes connaissances scientifiques et techniques et d’une certaine aisance : les appareils étaient chers, peu maniables, il fallait faire soi-même le développement en préparant ses produits.

De quand ça date ?
L'usage de la photographie s'est vite répandu dans les milieux scientifiques, pour fournir des documents d'une incomparable fiabilité. C'est Gabriel Carrière, conservateur du musée archéologique de Nîmes, qui apprend la photographie à Ulysse Dumas à la fin de l’année 1901 : il lui conseille un appareil d'occasion et lui enseigne le développement des négatifs et des tirages. Ces photographies ont donc été réalisées entre 1902 et 1907, avant que Dumas ne soit obligé de rester alité.

Qu'est-ce que ça représente ?
Parmi les négatifs transmis par sa fille, les photographies scientifiques sont peu nombreuses, la majorité sont des portraits de proches (famille, amis, voisins). Elles sont toujours prises en plein air, souvent dans la cour de son mas à Baron.
Leur intérêt tient au naturel des modèles, au contraire des photographes professionnels de cette époque (qui abusaient des mises en scène et des retouches). On y sent la personnalité de Dumas, son regard plein de tendresse mais sans tricherie.
Cette photographie montre trois enfants (sans doute frères et sœur d'après leur ressemblance physique), sur le chemin de l'école, comme l'indiquent les livres de la fillette. La bourriche d'osier contient probablement le déjeuner des enfants (à l'époque il n'y a pas de cantine scolaire), le bouquet de primevères pourrait être un cadeau pour l'institutrice, à moins qu'il ait été cueilli sur le chemin du retour pour leur mère. Le plus jeune enfant, comme sa grande sœur, porte une blouse plissée, boutonnée dans le dos (pour ne pas faire de taches d'encre sur ses vêtements). Le garçon plus âgé porte une tenue qui évoque un uniforme militaire (bérêt, veste à boutons métalliques).
Ils posent sans sourire : la prise de vue est encore un rituel intimidant, avec un gros appareil qui demande un long temps de pose immobile. Leur sérieux constraste avec les chevelures décoiffées et les taches de rousseur qui révèlent leur habitude du plein air.
Cette photographie est un document très touchant sur la vie quotidienne des enfants de l'Uzège au début du 20e siècle.



L’objet du mois de novembre 2024 : masque Wé, Côte-d’Ivoire


A quoi ça ressemble ?
C’est un masque en bois aux formes anguleuses, en fort relief, peint de couleurs vives (noir, blanc, rouge, bleu).

D’où ça vient ?
Ce masque provient de Côte d’Ivoire, il a été produit par le peuple Wé (autrefois appelé Guéré), qui vit dans une zone de forêt entre l’Ouest de la Côte d’Ivoire et le Libéria.

A quoi ça servait ?
Les masques Wé représentent un esprit protecteur, intermédiaire entre les divinités et les humains. Notre masque a un aspect effrayant avec des éléments empruntés aux animaux sauvages (cornes ou oreilles pointues, langue tirée, crocs). C’est probablement un « masque guerrier », il avait pour rôle de se mêler aux combattants afin de les encourager, mais aussi d’imposer le règlement des conflits internes au village.
Des chants, danses et mouvements spécifiques étaient associés au masque. Il faut aussi imaginer que le masque était complété par des éléments qui ont disparu : on distingue des trous sur les bords, qui devaient servir à maintenir des éléments évoquant une chevelure (fibres végétales ou vrais cheveux), ou bien un tissu permettant de recouvrir la tête. Le porteur du masque était entièrement dissimulé grâce à des accessoires : une coiffe de plumes et un costume volumineux (en général une jupe de fibres végétales). Tout cela n’est hélas pas conservé : les masques exposés dans les musées ne sont qu'une petite partie de l'ensemble d'origine. De plus ils ont souvent perdu des éléments et parfois même leurs couleurs, car les collectionneurs d’art africain du 20e siècle ont privilégié l’aspect esthétique des masques et enlevé tout ce qui aurait pu gêner cette vision. Même quand ces éléments n’étaient pas enlevés, leurs matériaux fragiles (fibres, fourrure, plumes) ont souvent été détruits par le temps et les insectes.

Comment est-ce arrivé au musée ?
Dès sa création au début du XXe siècle, le musée avait reçu en don quelques objets africains.
A partir de 1946, le musée est dirigé par Georges Borias, artiste et enseignant. La première exposition qu’il organise, en 1947, a pour thème « L’Art exotique », notion « fourre-tout » réunissant des œuvres d’Afrique de l’Ouest, de Madagascar, mais aussi d’Inde, de Chine et du Viet-Nam, prêtées par des collectionneurs privés. Le conservateur décide alors de développer les collections du musée dans ce domaine de « l’ethnographie d’outre-mer », liée à Uzès puisque la cité « a fourni de nombreux cadres colonisateurs ». Avec les années 1960 et la décolonisation, les acquisitions vont peu à peu s’arrêter. Notre masque est un des derniers objets africains acquis par Georges Borias, il a été acheté en 1975 à un collectionneur privé.

Comment c’était fabriqué et de quand ça date ?
Les masques étaient réalisés par des personnes initiées, à partir du bois d'arbres séléctionnés pour leur propriétés techniques et symboliques. Le bois est taillé dans la masse, traditionnellement peint avec des pigments naturels : noir de fumée, ocres ou couleurs végétales pour le rouge, kaolin pour le blanc. Mais le bleu vif a été obtenu à partir d'un matériau artificiel, le bleu de lessive, aussi appelé « bleu Guimet » : des boules de poudre bleu outremer servant à blanchir le linge, inventées en 1826 par le chimiste lyonnais Jean-Baptiste Guimet, et utilisées par les colons français. Cette couleur bleue intense, très appréciée par les Africains, a été détournée pour peindre les masques dès le 19e siècle. On en trouvait encore sur les marchés africains au début des années 2000.
Notre masque peut donc remonter au 19e siècle, il est en tous cas antérieur à 1975 (date de son achat).

 




L’objet du mois d'octobre : « Portrait de Mgr Bauÿn »


A quoi ça ressemble ?
C’est un tableau représentant un homme aux cheveux gris, portant un manteau bleu à rabat et une croix autour du cou. Il est assis devant une table et tient un papier enroulé sur lequel on distingue le dessin d’un bâtiment ; une bourse remplie de pièces d’or est posée près de lui.

Comment est-ce arrivé au musée ?
Ce tableau fait partie d’un ensemble de documents appartenant à l’hôpital d’Uzès, qui les a mis en dépôt au musée en 1949 : plans anciens de l’hôpital, pots de pharmacie, portraits…

Que représente le tableau ?
Comme l’indique son costume, il représente un religieux : Bonaventure Bauÿn (1699-1779), évêque d’Uzès de 1737 à 1779. C’est un évêque très actif qui fonde à Uzès une école et fait reconstruire l’église Saint-Etienne, détruite pendant les guerres de religion. C’est lui aussi qui décide d’agrandir l’hôpital.
L’Hôpital d’Uzès existait sans doute dès le 13e siècle. Au 14e siècle, il occupe déjà son emplacement actuel, en dehors des remparts de la ville, sur la route de Nîmes. C’est une institution religieuse, comme tous les hôpitaux du Moyen-Age. Longtemps gérée par des laïcs, à la suite des guerres de religion, elle passe sous la tutelle de l’évêque à partir de 1661.
En 1746, Monseigneur Bauÿn décide de reconstruire l’hôpital, trop petit et vétuste : il ne comprend qu’une petite chapelle et deux salles, et ne peut accueillir que 14 lits. Les travaux, confiés à l’architecte Guillaume Rollin, sont terminés en 1755. Le centre du bâtiment est occupé par une chapelle (ce qui montre bien qu’il s’agit d’une institution religieuse avant tout). Le nombre de lits est passé à 49. Les malades hommes et femmes sont séparés, logés d’un côté et de l’autre de la chapelle. Des salles sont prévues pour la pharmacie et l’infirmerie : les soins médicaux sont mieux organisés qu’au Moyen-Age. Des pièces de service (cuisine, boulangerie, grenier, caves, buanderie) permettent un fonctionnement en autonomie.
Sur le tableau on reconnaît bien la façade de l’hôpital sur le papier que tient l’évêque, le portrait rappelle donc son rôle dans la reconstruction, et indique clairement sa contribution financière par la représentation de la bourse. Il faut savoir que Bonaventure Bauÿn a financé sur ses fonds propres plus de la moitié du coût des travaux, le reste provenant de dons et d’une taxe sur la viande de boucherie.
On peut donc imaginer que ce portrait a été peint pour lui rendre hommage. Autrefois il était courant de conserver dans les hôpitaux les portraits des personnes qui avaient contribué à ces institutions par des dons ou des legs (on les appelait les « donatifs »). Monseigneur Bauÿn était un « donatif » exemplaire puisqu’il a aussi choisi de léguer ses biens à l’hôpital après sa mort en 1779

Qui l’a fabriqué et de quand ça date ?
On ne le sait pas : le tableau n’est ni signé ni daté. Mais il a sans doute été peint pendant ou après la reconstruction de l’hôpital, donc autour des années 1750. Le peintre n’a pas cherché à idéaliser son modèle, un petit homme maigre d’une cinquantaine d’années, au visage ingrat avec son grand nez et ses lèvres minces, mais éclairé par des yeux vifs, du même bleu que le mantelet de velours. Cette austérité correspond à ce qu’on connaît de la personnalité de Mgr Bauÿn, qui semblait peu soucieux de gloire et de pouvoir (il a refusé d’être nommé évêque d’Auxerre puis archevêque de Besançon, pour faire toute sa carrière à Uzès).

 

L’objet du mois de septembre 2024 : « Bello Matinado » par Félix Charpentier


A quoi ça ressemble ?
C’est une sculpture en plâtre, représentant une femme nue, grandeur nature, qui s’étire.

Qui l’a fabriqué ?
La sculpture est une œuvre de Félix Charpentier (1858-1924). Né à Bollène, Charpentier étudie la sculpture à l’école des Beaux-Arts à Paris. Il devient un sculpteur apprécié, exposant chaque année au Salon des Artistes Français, recevant de nombreuses commandes publiques : l’imposant monument commémorant le centenaire de la réunion du Comtat Venaissin à la France (Avignon, allées de l’Oule), le décor sculpté de la gare de Lyon à Paris, le monument à Emile Jamais, à Aigues-Vives…

Qu’est-ce que ça représente ?
Une jeune femme s’étire, elle vient de sortir du lit sur lequel elle prend appui. Ce thème de la femme au réveil est fréquent dans la sculpture du XIXe siècle. Mais finalement le sujet importe peu, c’est un prétexte pour représenter un nu féminin voluptueux, sujet de prédilection de l’artiste, typique de la Belle Epoque.
Le nu est apprécié mais l’évocation du lit surprend : un critique décrit « une fille d’Eve, nue comme sa mère. Elle se grandit en s’étirant : c’est le Matin qui sort de son lit par la volonté de M. Félix Charpentier – et le peu que le sculpteur a représenté du lit est trop précisé, gêne légèrement le goût. Mais cette statue est le chef-d’œuvre de M. Félix Charpentier. La blancheur immaculée du marbre fait resplendir la forme gracile, souple et nerveuse du jeune corps et l’on remarque que M. Félix Charpentier a accordé au mieux l’expression du visage à la volupté de l’attitude. »

De quand ça date ?
Il y a plusieurs versions de cette œuvre, car comme tous les sculpteurs du XIXe siècle, Charpentier travaille en plusieurs étapes. Il crée d’abord un prototype en terre crue modelée. Ce matériau ne se conservant pas, il en réalise un moulage en plâtre. A partir de ce premier moulage (ou plâtre original), il pourra réaliser des versions en bronze, en marbre ou en plâtre. Le plâtre original est exposé en 1907 au Salon des Artistes Français, puis acheté par l’Etat et déposé au musée de Châteaudun. Une version en marbre est également commandée en 1908 pour le musée d’Arras.

Comment est-ce arrivé au musée ?
En 1909, le peintre José Belon décide de créer à Uzès un musée de peinture et de sculpture (l’ancêtre du musée actuel), grâce aux œuvres données par ses amis artistes. Belon est un Gardois installé à Paris, où il fréquente d’autres méridionaux comme Charpentier, originaire du Vaucluse. Un tableau de Belon (au musée des Beaux-Arts de Nîmes), intitulé « Portraits de sculpteurs », représente d’ailleurs Charpentier parmi d’autres sculpteurs, réunis pour l’exposition de leurs œuvres au Grand Palais lors du Salon de 1908. En mars 1910, José Belon peut donc annoncer triomphalement dans le Journal d’Uzès le don par Charpentier « d’un moulage grandeur nature de sa Matinado, dont le succès au Salon dernier fut considérable ».

Qu’est devenu l’objet ?
La statue est mentionnée parmi les œuvres envoyées pour l’ouverture du musée d’Uzès en juillet 1910. A cette époque le musée est installé dans plusieurs salles à l’étage de la mairie. Elle y est toujours en 1945, lorsque Georges Borias, alors jeune professeur de dessin, reprend la direction du musée, quelque peu tombé dans l’abandon entre-temps. Borias l’inscrit dans l’inventaire avec une attribution et un titre erronés (« L’Eveil », par Alix Marquet), preuve qu’à cette date la statue a perdu son cartel d’identification. En 1958, Borias est muté à Paris et jusqu’à son retour à Uzès en 1968, il ne peut s’occuper qu’à distance du musée, fermé par manque de personnel. Dans les années 1970, la ville d’Uzès achète le bâtiment de l’ancien évêché, le musée y est transféré et inauguré en 1978. Mais la statue semble avoir disparu pendant la période de fermeture du musée entre 1958 et 1968 : à ce jour, elle n’a toujours pas été retrouvée. La pauvre Matinado a sans doute été jugée trop encombrante et démodée, et un employé de mairie a dû faire de la place sans en avertir le conservateur…
Si vous la retrouvez, prévenez-nous !




L’objet du mois de juillet 2024 : « Portrait d’Adolphe Alphand » par Alfred Roll


A quoi ça ressemble ?
Il s’agit d’un petit tableau carré. Il représente un homme à la barbe blanche, portant un chapeau haut-de-forme et un manteau noir, cadré en buste.

Qui l’a fabriqué ?
La toile est signée en haut à gauche « Roll » : il s’agit du peintre Alfred Roll (1846-1919). Elève de Gérôme, Bonnat et Harpignies, il exposa au Salon des Artistes Français de 1870 à 1889 et au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1890 à 1919. Roll navigua entre naturalisme et art officiel, réalisant avec autant de succès des décors monumentaux (pour l’Hôtel de Ville de Paris, la Sorbonne, le Petit Palais) que des scènes de la vie populaire. Ses nombreux portraits alternent entre gens du peuple et célébrités parisiennes.

Comment est-ce arrivé au musée ?
Lorsque le peintre José Belon décida en 1909 de créer un musée à Uzès, il sollicita diverses personnalités pour soutenir son projet. En tant que président et membre fondateur de la Société Nationale des Beaux-Arts, Roll était un personnage influent, que Belon eut la fierté de compter parmi les membres du Comité de patronage du musée... et parmi les donateurs ! En effet c’est grâce aux dons d’artistes que furent constituées les collections du musée.
Dans le Journal d’Uzès du 3 juillet 1910, Belon annonça l’arrivée des premières œuvres : le tableau de Roll figurait dans cet envoi.

Que représente le tableau ?
Il représente une célébrité parisienne : Adolphe Alphand (1817-1891), indispensable collaborateur du baron Haussmann, qui transforma et modernisa Paris sous le Second Empire. Alphand fut d’abord chargé de l’aménagement des espaces verts (en particulier le parc des Buttes Chaumont). La chute de Napoléon III n’entrava pas sa carrière à la ville de Paris, puisqu’à partir de 1871 il supervisa tous les chantiers publics de la capitale. L’apogée de sa vie professionnelle fut la direction des travaux pour l’Exposition Universelle de 1889, comprenant la construction de la tour conçue par Gustave Eiffel.

De quand ça date ?
Notre toile n’est pas datée mais c’est une étude préparatoire pour un grand portrait d’Alphand, actuellement conservé au musée du Petit Palais à Paris. Dans la version définitive, on voit l’ingénieur au travail, tenant à la main une liasse de plans, sur un chantier de construction. Le dôme des Invalides et la date de 1888 figurant sur ce grand portrait nous indiquent qu’il s’agit certainement du chantier des travaux de l’Exposition Universelle de 1889. Roll joue des contrastes entre la tenue sombre d’Alphand et l’arrière-plan clair, entre l’attitude posée de l’ingénieur et l’agitation des travaux. Il choisit de limiter sa palette au noir et aux nuances de gris, pour concentrer l’attention sur la figure.
José Belon présente ainsi l’œuvre dans le Journal d’Uzès du 17 juillet 1910 : « Le maître Roll nous offre la première étude du portrait d’Alphand, l’ancien directeur des travaux de l’édilité parisienne, l’ingénieur réputé à qui Paris doit la plus belle part de ses embellissements. Le portrait définitif d’Alphand peint par Roll figure actuellement au Petit-Palais, à Paris ; mais pour moi, cette première étude qui n’est qu’un fragment de l’œuvre définitive, n’en a que plus de prix à mes yeux, car elle est le premier jet de l’impression reçue, et par la spontanéité de la touche, cette toile nous donne du talent de Roll la plus haute idée que l’on puisse s’en faire ; car le grand artiste peint avec une vigueur peu commune et la matière colorante chez lui ajoute, si l’on peut dire, à la vérité de ses portraits. Cette physionomie d’Alphand par Roll est donc une des plus belles choses du Musée. »




  

 

L’objet du mois de juin 2024 : « Pierre de picote »

Qu’est-ce que c’est ?
C’est un galet poli en roche verte, collé sur un support de bois avec deux éléments en bois taillé.

 

Comment est-ce arrivé au musée ?
Cet objet fait partie d’un ensemble d’objets (poteries, vestiges archéologiques, outils, documentation) collectés par Marcel Duret, habitant d’Uzès passionné par le patrimoine local, et donnés au musée par sa famille après son décès en 2014.


A quoi ça servait ?
L’étiquette collée sur le support de bois le précise : ce galet était une « pierre de picote », traditionnellement utilisée par les bergers pour protéger leurs troupeaux contre la clavelée ou variole des moutons (« picoto » en occitan). Cette roche basaltique à la couleur verte provient des Alpes et on en trouve des galets dans le lit de la Durance et du Rhône. Elle porte des taches caractéristiques, ressemblant aux pustules de la variole, d’où son nom scientifique de « variolite ». Frappés par cette ressemblance, les paysans ont y vu l’indice d’un pouvoir magique de protection contre la maladie. Ils suspendaient des galets de variolite au cou des brebis ou en plongeaient dans l’eau des abreuvoirs.
Les éléments en bois taillé qui accompagnent notre pierre sont des clavettes : placées de chaque côté du collier (en bois, en forme de U renversé), elles maintenaient la sangle en cuir retenant la cloche. Ceci confirme l’inscription de l’étiquette, la pierre devait être placée dans une sonnaille.

 

De quand ça date ?
L’usage des variolites est sans doute immémorial. Le Dr Marignan, archéologue et ethnologue, leur a consacré une étude en 1908. Il remarque que les pierres de picote des bergers cévenols provenaient de sites préhistoriques locaux plutôt que directement de la Durance ; d’après lui, il est possible que dès le Néolithique on ait utilisé les variolites comme protection contre les maladies.
Notre variolite a été collectée avant 1914, probablement par Albert Hugues, auprès de M. Roussel, éleveur de brebis à Saint-Geniès de Malgoirès. Albert Hugues (1876-1940), viticulteur à Saint-Geniès de Malgoirès, était aussi un naturaliste avisé, membre de la Société d’Etude des Sciences naturelles de Nîmes. Ami du paysan-poète Albert Roux, de Sanilhac, il encouragea ce dernier dans la création d’un Muséon Uzétien (ancêtre de l’actuel musée d’Uzès) sur le modèle du Muséon Arlaten fondé par Frédéric Mistral. Ensemble, les deux amis lancèrent dans le Journal d’Uzès du 20 octobre 1912 cet appel : « Que ceux qui connaissent encore les légendes de leur village, […] que ceux qui connaissent nos proverbes locaux, nos remèdes aux rites cabalistiques, ou aux préparations alambiquées, que ceux-là apportent au Muséon, créé pour conserver sous toutes ses formes l’âme vivante des ancêtres, le récit des traditions uzétiennes. Que tous ceux-là apportent au Muséon les vieux objets, les vieilles histoires, avant que le tout disparaisse pour toujours. » Anticipation étonnante du concept de « patrimoine immatériel », actuellement au cœur de la réflexion des musées d’ethnographie ! Si cette quête n’a pas laissé de traces tangibles dans les collections du Muséon, elle a du moins abouti, deux ans plus tard, à la publication par les deux amis du recueil Folklore dou parage d’Uzès (Malige, Uzès, 1914).
Après la Première Guerre, Albert Hugues, très affaibli, cessa ses recherches. Mais il avait transmis le goût de la science à son fils Camille Hugues (1905-1986), professeur d’histoire et éminent préhistorien. C’est Camille Hugues qui fit don de la variolite à M. Duret en 1981. Son arrivée au musée, 34 ans plus tard, répare une lacune : en effet, le Muséon Uzétien avait reçu une variolite, comme le signale le Petit Méridional du 20 octobre 1913 : « Don de M. Paul Verdier, de Masmolène, une pierre dite « picoto », très caractérisée », mais celle-ci avait disparu depuis...

 

Sommaire de l'émission

Réécoutez l'émission Fréquence Musées, juin 2024

 

 



L'objet du mois de mai 2024 : fontaine de table, fabrique Pichon

A quoi ça ressemble ?



C’est un grand vase avec un couvercle et un robinet sur la panse, posé sur un socle et complété par une vasque en losange. Il est en céramique de couleurs variées, formant comme les veines d’un marbre, et orné de fleurs en relief autour du col et d’un écusson sur la panse.

Qui l'a fabriqué ?
La poterie est un artisanat traditionnel des villages de l’Uzège, grâce à la présence d’une argile abondante et de qualité. Mais ce n’est qu’au 19e siècle que des potiers s’installent à Uzès même : une famille de faïenciers marseillais, les Vernet, et une famille uzétienne, les Pichon.
Contrairement aux Vernet qui n’ont pas survécu aux années 1860, la fabrique Pichon, encore actuellement en activité, a su se développer et s’adapter, en se spécialisant dans la céramique d’ornement (vaisselle de luxe, cadeaux de mariage, souvenirs pour touristes). Sept générations se sont succédées depuis le fondateur de la fabrique au début du 19e siècle, Jacques Pichon. C’est son fils François (1804-1877) qui lance véritablement l’affaire, aidé par ses trois fils Jules, Auguste et Alphonse. La fabrique est ensuite reprise par le fils d’Auguste, Paul. Après ses descendants Henri puis Jean-Paul, c’est aujourd'hui Christophe Pichon qui poursuit la tradition familiale dans le nouvel atelier maintenant installé dans les locaux de l'entreprise Athezza.

Comment c’est fabriqué ?
C’est la technique appelée « terres mêlées » qui donne cet effet de marbrures si particulier. Il est obtenu par le mélange, dans l’épaisseur de la pâte, d’argiles de différentes teintes, à ne pas confondre avec l’effet donné par des coulures d’engobes à la surface d’une poterie.
Cette technique, pratiquée dès le 18e siècle à Apt (Vaucluse) mais également en Angleterre, est reprise par François Pichon qui introduit de nouvelles couleurs. Aux teintes naturelles des argiles blanche, rouge et brune, il ajoute le vert (à l’oxyde de cuivre) et le bleu (au cobalt).
Les pièces en terres mêlées ne sont généralement pas tournées (cela effacerait les marbrures), mais moulées. Le potier mélange ses argiles colorées pour obtenir un bloc qu’il découpe en tranches. Ce sont ces tranches qu’il met en forme dans un moule en plâtre, comme une pâte à tarte dans un moule. Après séchage la pièce est démoulée puis cuite au four en deux fois, avec ajout d’un vernis transparent à la deuxième cuisson.

A quoi ça servait ?
Ce vase est une fontaine de table : un objet qui permettait de se laver les mains à une époque où toutes les maisons n'avaient pas l'eau courante. La vasque sert à recueillir l’eau. Le socle est équipé d'un petit tiroir qui peut contenir un savon. Cependant la beauté de cette fontaine en faisait un objet plus décoratif que vraiment fonctionnel.
Prouesses techniques par les dimensions, le mélange des différentes teintes, l’abondance et le raffinement du décor, les fontaines de la fabrique Pichon sont de véritables chefs-d’œuvre. A ce jour, six modèles différents sont connus : une fontaine réalisée pour le jubilé du pape Léon XIII en 1888, une pour une famille alésienne, les de Roux-Larcy, probablement à l’occasion d’un mariage en 1888, une appartenant toujours à la famille Pichon (actuellement présentée au musée), deux récemment passées dans des ventes aux enchères, et notre fontaine. Si le décor est personnalisé aux armoiries du commanditaire, la forme est toujours identique, en balustre, avec des anses en anneaux surgissant de mufles de lions, un col bordé de dentelures et entouré d’une rangée de fleurs. Jean-Paul Pichon estimait le temps de travail nécessaire à la fabrication de ce genre de pièce à 2000 heures… à cette époque, on ne comptait pas son temps pour l’amour du beau métier !

Qui l'a commandé ?
L'écusson sur la fontaine porte les initiales JH, il est surmonté d'un chapeau avec des cordons ornés de pompons. En héraldique, le chapeau symbolise les ecclésiastiques, le nombre de pompons ou « houppes » indique le niveau hiérarchique. Ici il y a trois houppes, il s'agit donc d'un prieur ou d'un chanoine. Les initiales JH peuvent correspondre au chanoine Jean Huc. Né à Nîmes en 1844, il est ordonné prêtre en 1869. En 1893, il est nommé directeur de l'œuvre de la Jeunesse de Nîmes (ou « Œuvre Argaud »). Il est fait chanoine honoraire en 1900 et chanoine prébendé en 1909. Il décède en 1919.

De quand ça date ?
Notre fontaine a peut-être été offerte en cadeau au chanoine Huc pour sa nomination à la tête de l'Œuvre Argaud en 1893. Cela correspondrait à la période de fabriation des autres fontaines Pichon, dans les années 1880-1900, bien que seule celle du pape Léon XIII soit datée avec certitude (1888).

Comment est-ce arrivé au musée ?
Cet objet a été acheté par l’association des Amis du musée à un collectionneur privé en 2014.







L’objet du mois d’avril 2024 : maquettes en liège de monuments antiques

A quoi ça ressemble ?
C’est un ensemble de trois maquettes d’édifices, réunies dans une boîte vitrée. Il y a un édifice sur plan carré formé d’arcades surmontées de colonnes, un pont à trois niveaux d’arcades, et un fragment de façade avec des colonnes supportant un fronton triangulaire.

Qu’est-ce que ça représente ?
Il s’agit de trois monuments romains célèbres du midi de la France : le mausolée de Glanum à Saint-Rémy de Provence, le Pont du Gard et un vestige du forum romain d’Arles.
Le mausolée de Glanum était un monument funéraire. Le Pont du Gard est un élément de l’aqueduc long de 50 km qui amenait d’Uzès jusqu’à Nîmes l’eau de la Fontaine d’Eure. Les colonnes et le fragment de fronton sont tout ce qui subsiste en surface du forum, centre de la ville antique d’Arles, ils sont englobés dans la façade d’un bâtiment moderne.

Comment est-ce arrivé au musée ?
Cet objet a été donné en 1967 par Mme Robert André, propriétaire du château de Saint-Privat, près du Pont du Gard. Mme André était la fille de Jacques Rouché, qui dirigea l’Opéra de Paris de 1913 à 1945, et qui acquit le château en 1916.

Qui l’a réalisé et quand ?
Ces maquettes sont fabriquées en liège. Cette technique est d’origine italienne, plus précisément napolitaine. En effet les grandes crèches de Noël sont très appréciées à Naples. Au XVIe siècle on a commencé à les installer dans de véritables paysages miniatures, avec des arbres, des rochers, mais aussi des ruines d’édifices antiques (un environnement assez courant en Italie !). Pour ces modèles réduits de constructions, on utilisait une matière première peu coûteuse et facile à travailler : le liège, produit en abondance autour de la Méditerranée. Par la suite, cette technique est reprise à Rome, non plus pour meubler des crèches mais pour réaliser des versions miniatures des édifices antiques de Rome.
Depuis le XVIe siècle, Rome attirait les artistes, venus se former au contact des œuvres et des monuments de l’Antiquité. A partir du XVIIIe siècle, des voyageurs fortunés venus de toute l’Europe commencent à visiter Rome, c’est le « Grand Tour », le début du tourisme. Les jeunes gens de bonne famille viennent voir les vestiges de la culture romaine, dont ils sont imprégnés par leur éducation (à cette époque, le latin est la base de la plupart des enseignements, et l’art classique reste la référence ultime). Beaucoup ramènent des souvenirs de ces monuments : une gravure pour les plus modestes, un tableau ou une maquette pour les plus riches... L’architecte anglais John Soane en achète tout un ensemble, destiné à montrer à ses étudiants de Londres des édifices qu’ils ne pourraient aller voir sur place. L’architecte français Cassas fait de même, sa collection sera achetée par l’Etat pour l’école des Beaux-Arts de Paris.
Les maquettes en liège restent des objets de luxe. A la fin du XVIIIe siècle plusieurs sculpteurs italiens en font leur spécialité. Ils travaillent d’après des gravures représentant les monuments antiques. Certains vont même jusqu’à faire leurs propres relevés pour garantir l’exactitude de leurs maquettes.
La phelloplastique (art de sculpter le liège) trouve d’autres adeptes hors d’Italie, plus ou moins sérieux. Si l’archéologue nîmois Auguste Pelet réalise à partir de 1820 des maquettes des monuments antiques de Nîmes (conservées au musée archéologique de Nîmes), c’est dans un but scientifique, avec une précision qui fait encore aujourd’hui l’admiration des spécialistes.
Mais pour d’autres, c’est une production commerciale, fabriquée en série. C’est le cas d’un fabricant marseillais, d’origine italienne ou grecque selon les sources, Etienne ou Stéphane Stamati. Il démarre son activité autour de 1790 et sa fabrique fonctionne encore à Marseille en 1810. En 1808 il ouvre une antenne à Paris : un « cabinet de phelloplastique » situé 14 rue Vivienne, dans lequel il présente plus de 40 modèles différents, des monuments de Rome mais aussi du Midi de la France. Un auteur signale toutefois que « malheureusement il n’a pas fait dessiner ces monuments, et plusieurs de ses modèles sont exécutés d’après les gravures de Montfaucon, qui sont très inexactes » : il n’a pas fait faire de relevés et travaille d’après les gravures assez fantaisistes commandées au XVIIIe siècle par le bénédictin Bernard de Montfaucon pour illustrer son ouvrage « L’Antiquité expliquée et représentée en figures ».
Parmi les modèles vendus par Stamati, figurent le mausolée de Saint-Rémy et le Pont du Gard. Nos trois maquettes pourraient donc bien provenir de la fabrique de Stamati. Leur manque d’exactitude, évident quand on les compare à leurs modèles, correspondrait au défaut signalé plus haut. La boîte vitrée dans laquelle elles sont présentées, avec ses montants en forme de colonnes, est bien dans le goût néoclassique de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle.
Ces maquettes ont pu être acquises à cette époque par les anciens propriétaires du château de Saint-Privat, la famille Faret qui y vécut jusqu’en 1865. Une façon de s’approprier le Pont du Gard voisin...

 

Sommaire de l'émission

Réécoutez l'émission Fréquence Musées, avril 2024






L’objet du mois de mars 2024 : « Bacchus » par Antonin Carlès

A quoi ça ressemble ?
Il s’agit d’une statue en plâtre, mesurant environ un mètre de haut, représentant un jeune homme nu, couronné de grappes de raisin, tenant à la main une coupe, un félin à ses pieds.

Qui l’a fabriqué ?
Cette statue est une œuvre du sculpteur Antonin Carlès (1851-1919). Né dans le Gers dans une famille modeste (son père est ouvrier plâtrier), Carlès se forme aux Beaux-Arts de Marseille, Toulouse et enfin Paris où il s’installe, devenant un artiste reconnu. Il expose au Salon à partir de 1878 et très vite, reçoit commandes officielles et récompenses Membre de la Société des Artistes Français.

Comment est-ce arrivé au musée ?
En 1909, le peintre gardois José Belon décide de créer à Uzès un musée de peinture et de sculpture (l’ancêtre du musée actuel). Belon est installé à Paris, où il fréquente de nombreux artistes, auxquels il demande de donner des œuvres. Carlès a sans doute donné la statue à cette occasion, bien qu’elle ne figure pas dans la liste des premières œuvres reçues par le musée en 1910.

Qu’est-ce que ça représente ?
Carlès a souvent sculpté des figures allégoriques et des monuments commémoratifs, dans un style académique mêlant références à l’Antiquité, classicisme et touches de réalisme.
Il a choisi une divinité antique : Bacchus (comme l’appelaient les Romains) ou Dionysos (son nom grec), fils de Jupiter (ou Zeus) et d’une mortelle, Sémélé. Comme l’indiquent la coupe et les grappes de raisin, Bacchus est associé au vin et à l’ivresse, mais aussi à la fureur et à la transe. Il est souvent représenté accompagné de satyres (mi-hommes mi-boucs) et de bacchantes (femmes en transe), parfois monté sur un char traîné par des panthères. Les panthères rappellent les voyages exotiques du dieu (qui serait allé jusqu’en Inde), et la sauvagerie qu’il peut déchaîner chez les humains. Ici pas de char ni de rugissements, juste un animal paisible ressemblant plutôt à un gros chat, se prélassant aux pieds de son maître. Quant à Bacchus, c’est un tout jeune homme à la silhouette gracieuse et androgyne. En 1497, Michel-Ange avait déjà représenté Bacchus en jeune homme couronné de grappes de raisin, une coupe à la main (musée du Bargello à Florence), mais son Bacchus semblait ivre et titubant, appuyé sur un petit faune qui mangeait des raisins. Carlès nous donne une version plus lisse et moins sensuelle de la divinité.

De quand ça date ?
Carlès présente une première version en plâtre de cette œuvre au Salon des Artistes Français en 1904 (n° 2744). Au 19e siècle, les sculpteurs travaillent en plusieurs étapes. On crée d’abord un prototype en terre crue modelée. Ce matériau ne se conservant pas, il faut en réaliser un moulage en plâtre. A partir de ce premier moulage (ou plâtre original), on pourra réaliser des versions en plâtre, en bronze ou en marbre.
Le Bacchus connaît un vif succès : le plâtre de 1904 est acheté par l’Etat, ainsi que le bronze présenté l’année suivante, au Salon de 1905 (n° 2927). Suivront une version en marbre, ainsi que de nombreuses versions en bronze et en biscuit de Sèvres, dans différentes grandeurs. Curieusement, toutes ne sont pas identiques : certains Bacchus sont complètement nus, d’autres portent un petit drapé autour de la taille, peut-être une modification permettant une diffusion « grand public » de la statuette ?
Notre Bacchus est nu, c’est probablement un surmoulage de la version en marbre, de même grandeur. En mauvais état, il a bénéficié en 2009 d’une restauration par André Dumonnet et Christine Foulché, avec un bon nettoyage, la consolidation de fissures au niveau des jambes et la réparation des parties brisées : la main tenant la coupe et la queue de la panthère.

Sommaire de l'émission

Réécoutez l'émission Fréquence Musées, mars 2024





L’objet du mois de février 2024 : « Les Chemins d’André Gide » par Martine Lafon

A quoi ça ressemble ?
C’est un ensemble de quatre cadres vitrés mesurant chacun 40 cm de haut sur 50 cm de large, comprenant chacun une photographie en couleurs et une estampe en noir et blanc. Les verres des cadres portent des motifs gravés.

Qui l’a fabriqué ?
Les cadres sont signés et datés en bas à droite : « Martine Lafon, 2001 ». Longtemps installée à Uzès, Martine Lafon est une artiste qui utilise des formes variées : dessin, estampe, livre d’artiste, mais aussi interventions « in-situ » dans des lieux et paysages variés. Artiste nomade, depuis une trentaine d’années, elle expose et crée dans les endroits les plus divers, dans toute la France (notamment grâce à des résidences artistiques) mais aussi en Pologne, en Lettonie...

Qu’est-ce que ça représente ?
Cet ensemble formant polyptyque est intitulé « Les Chemins d’André Gide ». Chacun des cadres porte en légende le nom d’un endroit de la vallée d’Eure à Uzès, lieu cher à Gide qui raconte dans son récit autobiographique
Si le Grain ne meurt les promenades de son enfance lors de ses vacances chez sa grand-mère à Uzès. On identifie ainsi « Gisfort », « Le Serbonnet », « Le chemin de la falaise », « Le chemin des bugadières ».




Le récit de Gide ne pouvait pas laisser insensible Martine Lafon, qui a un temps exercé comme guide conférencière, grâce à sa connaissance approfondie de l’histoire et du patrimoine local. De plus, le paysage est une de ses thématiques de prédilection. Elle aime confronter les détails de paysages photographiés et leur interprétation graphique, en de subtils décalages et variations : « L’usage de la photographie permet de prélever un élément particulier de l’environnement. [...] Il déclenche alors de la matière à dessiner qui revisite la photographie ou lui fait écho » (site
www.martinelafon.com ).
C’est ainsi que, s’inspirant de passages de
Si le Grain ne meurt, l’artiste saisit quatre fragments de la vallée d’Eure, mis en regard d’estampes qui n’en sont jamais des reproductions fidèles mais plutôt d’autres points de vue, vus sous d’autres angles et transposés de la netteté de la photographie en couleurs à la matière rugueuse du trait en noir et blanc. Les plaques de verre gravées qui recouvrent les cadres achèvent de brouiller les pistes et d’unifier ces images hétérogènes.
Il ne s’agit pas d’une simple illustration du texte de Gide ; l’artiste a choisi de se détacher de la stricte représentation du réel, privilégiant les grandes masses rocheuses plutôt que la rivière et les résurgences qui baignent les prés. Ses estampes dégagent les lignes de force, éliminent la végétation qui pourrait adoucir les contours, révélant « cet étrange amour de l’inhumain, de l’aride » que chantait l’écrivain. Le regard se perd, sans rien pour donner une échelle de proportions : on pourrait tout aussi bien y voir des détails microscopiques qu’un site grandiose. Mais l’artiste ouvre des pistes : un sentier suit la crête d’une dalle calcaire, des marches taillées dans le rocher nous incitent à descendre. Vers quoi ? La rivière reste cachée et la vallée garde son mystère, attraction irrésistible pour un enfant aventureux comme pouvait l’être le petit André... Il n’est pas indifférent de souligner ici la prédilection de Martine Lafon pour les personnages de contes (le Petit Chaperon Rouge, Alice au pays des merveilles, Pinocchio), que la curiosité pousse à explorer des chemins dangereux.

De quand ça date ?
L’œuvre est datée de 2001, année du cinquantenaire de la disparition d’André Gide (1869-1951). Elle a également donné lieu à la publication d’un livre d’artiste, la même année, aux éditions Post Rodo à Uzès,
« Un petit mamelon calcaire », André Gide et le paysage uzétien. Le livre reprend les mêmes images que le polyptique ; les verres gravés sont remplacés par des feuilles de papier calque imprimé en blanc. Dans son texte d’introduction, Martine Lafon note avec justesse que lorsque Gide écrit ses pages sur Uzès, il a déjà beaucoup voyagé, et que des paysages étrangers viennent se superposer à ses souvenirs d’enfance. Devant le Pont Saint-Nicolas, il évoque la Palestine ; la petite cité a pour lui le charme de celles de l’Ombrie ; quant aux rochers de la vallée de l’Eure, ils ressemblent à des falaises marines (comme celles d’Etretat, proches de son domaine normand de Cuverville), et la « garrigue rauque » préfigure sa fascination pour les déserts d’Afrique du Nord. Ainsi Uzès est comme la matrice de tous les paysages de sa vie future. C’est que la petite cité occupait dans le cœur de Gide une place préservée : racines familiales, mémoire de ses ancêtres protestants, mélange paradoxal de douceur et d’austérité...

Comment est-ce arrivé au musée ?
L’œuvre a été achetée par l’association des Amis du musée en 2002 avec le soutien du FRAM (fonds régional d’acquisition pour les musées) Languedoc-Roussillon. Elle a trouvé sa place dans la salle consacrée à André Gide. Le musée conserve de nombreux documents et portraits de l’écrivain mais il est important de montrer que son œuvre est toujours actuelle et inspire encore les artistes contemporains.

 

Sommaire de l'émission

Réécoutez l'émission Fréquence Musées, février 2024




L’objet du mois de janvier 2024 : « Les brodeuses de Pont-l’Abbé » par Berthe Bourgonnier-Claude


A quoi ça ressemble ?
C’est un dessin au pastel, de grand format (H 105 x L 125 cm), encadré sous verre, aux couleurs lumineuses : jaune, vert, bleu, violet.

Qui l’a fabriqué ?
Ce pastel est une œuvre de Berthe Bourgonnier-Claude. On sait peu de choses de cette artiste, qui vivait à Paris à la fin du XIXe siècle et serait décédée en 1922. Elle est l’épouse du peintre Claude Bourgonnier, dont elle reprend le nom. Comme lui, elle expose régulièrement au Salon des Artistes Français, de 1898 à 1921, des tableaux et des pastels.
Pendant longtemps, il a été très difficile aux femmes de faire carrière comme artistes. L’accès à une vraie formation et à une reconnaissance professionnelle leur était restreint, voire interdit : si au XVIIIe siècle l’Académie royale de Peinture et de Sculpture accepte quatre femmes (« un nombre suffisant pour honorer leur talent », selon le directeur), la Révolution supprime purement et simplement cette possibilité. De même les écoles d’art n’acceptent pas les femmes, car l’enseignement artistique repose sur le dessin de nu et il serait inconvenant qu’une femme soit exposée à la vision de modèles nus… L’Ecole nationale des Beaux-Arts n’ouvrira ses portes aux femmes qu’en 1897.
Au XIXe siècle, les femmes qui veulent devenir artistes sont donc souvent formées dans des écoles privées comme l’Académie Jullian, ou bien elles bénéficient d’un apprentissage familial grâce à un père ou un époux artiste. Pour faire connaître leurs œuvres, elles doivent exposer aux Salons qui présentent chaque année à Paris l’actualité de la création. Là encore leur place est marginale : 5 % des peintres en 1863, 15 % en 1889… Beaucoup de femmes sont contraintes d’abandonner leur carrière artistique quand elles se marient et ont des enfants : dans la société bourgeoise du XIXe siècle, la place de la femme est au foyer.
Face à toutes ces difficultés, des femmes artistes décident de se regrouper et de créer leur propre Salon : l’Union des Femmes Peintres et Sculpteurs est créée en 1881. Berthe Bourgonnier-Claude en fait partie, elle expose au Salon de l’Union et obtient même le 2e prix en 1907.

De quand ça date ?
L’œuvre est signée mais pas datée. Dans les années 1907 à 1911, Berthe Bourgonnier-Claude a exposé au Salon beaucoup de scènes situées en Bretagne, ce pastel date sans doute de cette époque.

Qu’est-ce que ça représente ?
Un groupe de femmes en costumes bretons sont installées en plein air, en train de faire de la broderie. Le soleil filtré par le feuillage des arbres fait des taches de lumière sur leurs vêtements.
Depuis le milieu du XIXe siècle, la Bretagne, longtemps isolée, est devenue plus accessible grâce au chemin de fer et le tourisme commence à s’y développer avec la mode des bains de mer. Les Parisiens découvrent avec étonnement les paysages sauvages et les habitants en costumes traditionnels colorés, qui ne parlent pas toujours français… tous les ingrédients de l’exotisme sont là, sans même quitter les frontières de la France ! Les ethnologues se passionnent pour des traditions qui sont sur le point de disparaître (c’est l’époque de création des premiers musées de folklore breton). Les artistes cherchent des sujets pittoresques. Gauguin, à Pont-Aven, sera le plus illustre, mais il n’est pas le seul.
Berthe Bourgonnier-Claude suit ce mouvement initié trente ans auparavant, en allant dessiner une activité traditionnelle du Finistère : la broderie, d’abord exercée par les hommes, puis par les femmes à partir du XXe siècle (59 brodeuses recensées en 1901 à Pont-l‘Abbé), un savoir-faire qui se maintient de nos jours car il y a chaque année une Fête des Brodeuses à Pont-l’Abbé, avec le couronnement d’une reine des brodeuses.
Sans avoir la modernité des Nabis, ce pastel a des couleurs audacieuses qui peuvent trahir leur influence.
Par ailleurs le choix du sujet correspond bien à ce qui était admis pour une femme artiste : des natures mortes, des portraits, des scènes de la vie domestique ou familiale, surtout pas de nu ou de sujets pouvant offenser la morale. Les cabarets ou les maisons closes, si souvent représentés par les peintres de cette époque, restent réservés aux hommes !

Comment est-ce arrivé au musée ?
Ce pastel a été offert au musée en 1913 par la duchesse d’Uzès. La duchesse était elle-même artiste, elle pratiquait la sculpture sous le pseudonyme de Manuela. C’était aussi une militante féministe, qui se battit toute sa vie pour le droit de vote des femmes. Enfin c’était une personnalité mondaine, elle-même issue d’une grande famille de l’aristocratie (Rochechouart-Mortemart) et veuve du duc d’Uzès. Pour toutes ces raisons, l’Union des Femmes Peintres et Sculpteurs l’avait désignée comme présidente.
Avec ce don, la duchesse a donc fait une double bonne action : elle a d’abord soutenu une artiste membre de l’Union en lui achetant une œuvre, et elle a aussi enrichi le musée qui venait de se créer à Uzès en 1910.

 

Sommaire de l'émission

Réécoutez l'émission Fréquence Musées, janvier 2024

 

 

L’objet du mois de décembre 2023 : "Les Portefaix", par Xavier Sigalon

 

Sommaire de l'émission



L’objet du mois de novembre 2023 : couteaux de jet africains

Sommaire de l'émission

 

 

L’objet du mois d'octobre 2023 : statue-menhir du Bon Diablet

Sommaire de l'émission


 


L’objet du mois de septembre 2023 : portrait du Dr Bois, par José Belon

Sommaire de l'émission

 
 

L’objet du mois de juillet 2023 : disque de musique russe d'André Gide

 

Sommaire de l'émission


 

L’objet du mois de juin 2023 : armoire peinte de la famille Bros-Puechredon

 

Sommaire de l'émission



L’objet du mois de mai 2023 : marmite en terre vernissée, Saint-Quentin

 

Sommaire de l'émission

  

 

L’objet du mois d'avril 2023 : portrait de Catherine Gide, pastel par Simon Bussy

  

Sommaire de l'émission


 


L’objet du mois de mars 2023 : tête de jeune garçon, sculpture par Ketzkarov

 

Sommaire de l'émission

 

 


L’objet du mois de février 2023 : buste du vice-amiral de Brueys

 

Sommaire de l'émission


   
 

L’objet du mois de décembre 2022 : canne d’André Gide



L’objet du mois de novembre 2022 : chapiteau roman




L’objet du mois d’octobre 2022 :
vue de l’église Saint-Etienne
  


L’objet du mois de septembre 2022 :
assiette en étain


L’objet du mois d’août 2022 :
trompe de chasse




L’objet du mois de juillet 2022 :
« Dindiki », d’André Gide

 Sommaire de l'émission


 
 
 

L’objet du mois de juin 2022 : deux pots de pharmacie




L'objet du mois de mai 2022 : noix de coco gravée

Sommaire de l'émission


 



L’objet du mois d'avril 2022 : la tasse du baron de Castille

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de mars 2022 : « Jamais sans sa redingote », de Mireille Laborie






L’objet du mois de février 2022 :
médaille du Concours agricole d’Uzès

Sommaire de l'émission


 

 

L’objet du mois de janvier 2022 : buste de Jeanne Hatto, par Alexandre Zeitlin

 



L’objet du mois de décembre 2021 : Portrait de Janie Bussy, par Jean Vanden Eeckhoudt

 

L’objet du mois de novembre 2021 :
collier de chien de berger

 

L’objet du mois d’octobre 2021 : chaise à porteurs

 




L'objet du mois de septembre 2021 : cruche en étain

 
L'objet du mois d'août 2021 : valise à chapeaux




Radio Fuze a cessé d'émettre  entre 2019 et 2021, dans l'attente d'une fréquence définitive sur 107.5 FM.


L’objet du mois de mars 2019 : « Bouquet de roses » par Henri Girardot

Sommaire de l'émission





L’objet du mois de février 2019 : « Il n’est pas de rose... »par Alix Marquet

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de janvier 2019 : stèle de Callimorphus

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de décembre 2018 : armoire peinte

Sommaire de l'émission



L’objet du mois de novembre 2018 : cartes de « bureau typographique », 18e siècle

Sommaire de l'émission



L’objet du mois d’octobre 2018 : « Les Fonds de Saint-Clair », par Zoum Walter

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de septembre 2018 : collection de coquillages

Sommaire de l'émission





L’objet du mois de juillet 2018 : « Quinze vues de La Roque », par Claude Verdier 

Sommaire de l'émission





L’objet du mois de juin 2018 : portrait  du général Sorbier

Sommaire de l'émission



L’objet du mois de mai 2018 : Jeu  des Faux-Monnayeurs

Sommaire de l'émission


L’objet du mois de février 2018 : sabre d'infanterie dit « briquet »

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de janvier 2018 : planche d’impression sur étoffe



L’objet du mois de décembre 2017 : stèle funéraire de tonnelier

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de novembre 2017 : Nature morte aux toupins, par Georges Borias

Sommaire de l'émission




L’objet du mois d’octobre 2017 : forme à papier
Sommaire de l'émission






L’objet du mois de septembre 2017 : Vue de la chapelle Saint-Geniès, par Jimmy Butler

Sommaire de l'émission



L’objet du mois d'août 2017 : « Danseuse assise », par Emile Gilioli

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de juillet 2017 : « Jeune fille au bol », par Léon Delachaux

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de juin 2017 : portrait du chanoine Sconin

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de mai 2017 : "Le Voyage au Congo" d'André Gide

Sommaire de l'émission




L’objet du mois d'avril 2017 : métier à bas

Sommaire de l'émission





L’objet du mois de mars 2017 : chaise Sénoufo, Côte-d’Ivoire

Sommaire de l'émission





L’objet du mois de février 2017 : portrait de Théo van Rysselberghe, par Alexandre Charpentier

Sommaire de l'émission





L’objet du mois de janvier 2017 : bannière de la corporation des maçons d’Uzès

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de décembre 2016 : cor en terre cuite, Néolithique final

Sommaire de l'émission






L’objet du mois de novembre 2016 : « Portrait de Firmin Abauzit », par Léon Alègre

Sommaire de l'émission






L’objet du mois d'octobre 2016 : paire d'armoires peintes, 18e siècle

Sommaire de l'émission





L’objet du mois de septembre 2016 : urne de vote, milieu du 19e siècle

Sommaire de l'émission





L’objet du mois d’août 2016 : stèle de Jupiter






L’objet du mois de juillet 2016 : bannière de la société Sainte-Cécile






L’objet du mois de juin 2016 : plaque de chancel, haut Moyen-Age
 




Emission spéciale « Journées Catherine Gide »


Les 23 et 24 avril ont eu lieu les troisièmes Journées Catherine Gide au Lavandou : deux jours de conférences et de rencontres autour d'André Gide. Fréquence Musées y était, et vous fait découvrir la personnalité hors du commun de l'amie de Gide, Maria Van Rysselberghe, surnommée la « Petite Dame », révélée par une exposition à l'Hôtel de Ville du Lavandou, à voir jusqu'au 30 mai 2016.

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de mai 2016 : « Les Magnanarelles » par José Belon

Sommaire de l'émission





L’objet du mois d’avril 2016 : « Vue du Gardon », par Charles Gide

Sommaire de l'émission





L’objet du mois de mars 2016 : « Terrasse à Uzès », par Henri Brugnot

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de février 2016 : « Le passage de la duchesse d’Angoulême au Pont du Gard », par Christophe Jusky

Sommaire de l'émission





L’objet du mois de janvier 2016 : grand bi, par Alfred Rousseau
  
Sommaire de l'émission





L’objet du mois de décembre 2015 : jeu« Ombro-cinéma », par Maurice Saussine

Sommaire de l'émission






L’objet du mois de novembre 2015 : balance monétaire 

Sommaire de l'émission





L’objet du mois d'octobre 2015 : « La Lutte d’hommes », par José Belon


Sommaire de l'émission






L’objet du mois de septembre 2015 : portrait de Théophile Gide

Sommaire de l'émission





L’objet du mois d’août 2015 : drapeau des Sapeurs-Pompiers d’Uzès

Sommaire de l'émission





L’objet du mois de juillet 2015 : cape à la polonaise

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de juin 2015 : maquettes en liège de monuments antiques

Sommaire de l'émission





L'objet du mois de mai 2015 : chaise à porteurs de la famille d'Amoreux, 18e siècle

Sommaire de l'émission

 






Sommaire de l'émission





L’objet du mois de mars 2015 : Plan de la chapelle Saint-Geniès d’Uzès, par Bègue

Sommaire de l'émission







L’objet du mois de février 2015 : cantine de fileuse

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de janvier 2015 : ornements du cardinal Pacca






L’objet du mois de décembre 2014 : ensemble de vases décoratifs aux armes d’Uzès, fabrique Pichon

Sommaire de l'émission





L’objet du mois de novembre 2014 : « Flore Uzétienne » par Eugène Delorme

Sommaire de l'émission






L’objet du mois d'octobre 2014 : « Portrait d’homme » par Ferdinand Roybet

Sommaire de l'émission






L’objet du mois de septembre 2014 : « L’église Saint-Etienne à Uzès », par Fernand Siméon

Sommaire de l'émission







L’objet du mois d'août 2014 : « Le jour de la grève, pont du Rialto, Venise, 1904 » par Marcelle Rondenay
 
Sommaire de l'émission






L’objet du mois  de juillet 2014 : bague de "Poilu"

Sommaire de l'émission






L’objet du mois de juin 2014 : trésor monétaire du 15e siècle

Sommaire de l'émission


 




L’objet du mois de mai 2014 : Portrait de la duchesse d’Uzès, par Adolphe Weïsz






L’objet du mois d'avril 2014 : jeu de marelle médiéval

Sommaire de l'émission 






 L’objet du mois de mars 2014 : brique de la fabrique Ducros à Saint-Quentin la Poterie
  
Sommaire de l'émission 




L’objet du mois de février 2014 : « Carmen » par Henri Allouard
  
Sommaire de l'émission 






L’objet du mois de janvier 2014 : bannière des cheminots catholiques d’Uzès

Sommaire de l'émission




L’objet du mois de décembre 2013 : pipe en terre « Jacob », fabrique Job Clerc

Sommaire de l'émission 





L’objet du mois de novembre 2013 : « Etude de tête et de mains » par Melchior Doze

Sommaire de l'émission 




L’objet du mois d'octobre 2013 : portrait tissé de Xavier Sigalon

Sommaire de l'émission 






L’objet du mois de septembre 2013 : « Les Magnanarelles » par José Belon







Exceptionnellement, pas d'Objet du mois en août 2013

Sommaire de l'émission






L’objet du mois de juillet 2013 : défense de mammouth

Sommaire de l'émission 






L’objet du mois de juin 2013 : calebasses gravées de Guyane

Sommaire de l'émission 





Sommaire de l'émission 






L’objet du mois d’avril 2013 : coffre en fer du 17e siècle

Sommaire de l'émission 






L’objet du mois de mars 2013 : « Les brodeuses de Pont-l’Abbé », par Berthe Bourgonnier-Claude

Sommaire de l'émission 






L’objet du mois de février 2013 : chenet zoomorphe, âge du Fer

Sommaire de l'émission 






L’objet du mois de janvier 2013 : « Bello Matinado » par Félix Charpentier

Sommaire de l'émission 







L’objet du mois de décembre 2012 : malle d’André Gide au Congo

Sommaire de l'émission 






L’objet du mois de novembre 2012 : carreaux de pavement du 14e siècle

Sommaire de l'émission



4 commentaires:

Joëlle C a dit…

Bonjour,
Il est noté dans votre notice que le duchesses d'Uzès avait un château à Bonnelles
Ce qui est exact...
Par contre Bonnelles se trove dans la région parisienne, dans l'actuel département des Yvelines et non en Bourgogne
Cordialement

Le Musée d'Uzès a dit…

Bonjour,

merci pour cette précision, j'ai corrigé le texte.

bien cordialement

La Conservatrice

Mumy a dit…

Bonjour,
Je ne sais pas s'il y a un rapport mais au sujet du tableau "Les brodeuses de Pont-l'Abbé", offert par la duchesse d'Uzès, née Mortemart, au musée, la famille de Mortemart possédait à l'époque où le tableau a été peint le château du Cosquer à Combrit, commune distante de quelques kilomètres de Pont-l'Abbé.
Bien cordialement,
Serge Duigou.

Le Musée d'Uzès a dit…

Bonjour,

merci pour l'information, c'était sûrement une motivation supplémentaire pour la duchesse dans le choix de cette oeuvre !

bien cordialement

La Conservatrice