Chaque émission est diffusée le premier lundi du mois, de 9h15 à 9h45, et peut aussi être réécoutée sur ce site.
Vous pouvez également découvrir l'objet du mois en visite guidée au musée !
L’objet du mois de mai 2025 : « Suite Racinienne », par Michel Danton
A quoi ça ressemble ?
C'est une feuille de papier sur laquelle sont dessinées au pinceau des formes sombres, rehaussées de touches de couleur. Des morceaux de tissu colorés sont également cousus sur le papier avec un point en zig-zag. Dessin et tissu laissent entrevoir des lignes d'écriture manuscrite, dont la calligraphie et le style semblent anciens.Qui l’a fabriqué ?
Le dessin porte un titre, une date et
une signature en bas : « Suite Racinienne – X 2021 -
Michel Danton ».
Né en 1952, Michel Danton est un
artiste (peintre et surtout dessinateur) qui vit en Gironde. Il
travaille sur, avec, dans l’écriture. Il aime dessiner sur des
« papiers d’occasion » : papiers déjà écrits ou
imprimés, qu’il glane et réutilise comme supports pour des
dessins à l’encre de Chine et aux encres de couleur. Il y
superpose parfois des fragments d’étoffe colorée (la tarlatane,
sorte de gaze), qu’il coud sur le papier. Les motifs dessinés et
les morceaux de tarlatane créent des effets de transparence,
laissant en partie lisible le texte sous-jacent.
Passionné de littérature, Michel
Danton travaille parfois d’après les manuscrits d’écrivains
comme Louis Guilloux. Il réalise aussi des livres d’artiste avec
des auteurs contemporains tels que Bernard Noël.
Qu’est-ce que ça représente et de quand ça date ?
La ville d’Uzès est marquée par les
séjours de deux écrivains majeurs : Jean Racine au XVIIe
siècle, puis André Gide au XIXe siècle. C’est à Racine que
Michel Danton a choisi de rendre hommage avec sa « Suite
Racinienne ». Alors tout jeune homme, orphelin et sans fortune,
Racine était venu à Uzès en 1661-1662, auprès de son oncle
Antoine Sconin, vicaire général de l’évêque d’Uzès, dans le
but d'obtenir une place de chanoine à la cathédrale d’Uzès. Ses
démarches ayant échoué, il revint à Paris où il se lança dans
la carrière de dramaturge. Il avait eu le temps d’écrire à ses
proches 24 lettres (les « Lettres d’Uzès »), où il
raconte sa découverte de la région et ses espoirs déçus de
recevoir un « bénéfice ecclésisastique ». C'est dans
une de ces lettres qu'il écrivit la célèbre formule « Et
nous avons des nuits plus belles que vos jours » pour vanter à
ses amis parisiens la douceur du climat uzétien...
Les manuscrits originaux des lettres de
Racine sont conservés à la Bibliothèque Nationale de France.
Michel Danton a travaillé sur des reproductions des lettres
manuscrites, réalisant en 2021-2022 une vingtaine d’œuvres
spécialement pour une exposition qui a eu lieu en 2023 au musée
d’Uzès.
Les dessins de Michel Danton ne
décrivent pas mais suggèrent des images en lien avec le texte
manuscrit. Une grande courbe évoque l’amphithéâtre de Nîmes
visité par l’écrivain, des formes rondes prolongées par une
verticale rappellent les silhouettes de petits arbres :
peut-être des oliviers, si exotiques pour le jeune parisien qu’était
Racine… Souvent les formes sont abstraites, proches d’une
calligraphie dont la lecture nous demeure mystérieuse, dans une
démarche artistique qui peut rappeler Henri Michaux ou Pierre
Alechinsky.
Comment est-ce arrivé au musée ?
Après l’exposition de 2023, le musée
a souhaité conserver quelques-uns des dessins et en a acheté six à
l’artiste. Celui-ci a eu la générosité d’en donner un
septième.
Ces dessins vont être à l'honneur
lors de la Nuit des Musées, qui aura lieu le 17 mai. En effet le
musée d'Uzès participe à l'opération « La Classe,
l'Oeuvre », organisée par les ministères de la Culture et de
l'Education Nationale. Le principe est qu'une classe travaille à
partir d'une œuvre d'un musée et que les réalisations des élèves
soient présentées lors de la Nuit des Musées. Cette année, c'est
la classe de CM1-CM2 de l'école de Saint-Victor des Oules qui s'est
inspirée de la « Suite Racinienne » de Michel Danton :
le résultat est à découvrir le samedi 17 mai. Ce soir-là le musée
d'Uzès sera ouvert en nocturne et en entrée libre de 20h à 23h.
L’objet du mois d'avril 2025 : tête de bébé, par Joseph Wipff
A quoi ça ressemble ?
C'est une petite sculpture en terre cuite d'une quinzaine de
centimètres de haut, représentant une tête de bébé coiffé d'un
bonnet, avec une serviette ou un bavoir sous le menton.
Qui l’a fabriqué ?
Une signature est lisible sur le côté
droit de la base : « J. WIPFF ». Il s'agit de Joseph
Wipff, un sculpteur né à Nîmes le 6 mars 1864. Il se forme à
l’école des Beaux-Arts de Nîmes, puis aux Beaux-Arts à Paris, où
il est élève du sculpteur Gabriel Jules Thomas. En 1891, il est
admis à la 2e épreuve du Prix de Rome en sculpture, mais il ne
semble pas qu’il ait dépassé ce stade.
Avant même la fin de sa scolarité,
dès 1886, il expose au Salon des Artistes Français pendant une
dizaine d’années, surtout des portraits en bustes. Ses envois
s’espacent puis cessent après 1913.
A cette période il aurait travaillé
comme « praticien » pour le sculpteur Saint-Marceaux. En
effet les sculpteurs du XIXe siècle employaient toute une équipe
dans leurs ateliers car ils travaillaient en plusieurs étapes, dont
certaines étaient déléguées à leurs praticiens (beaucoup de
grands sculpteurs firent d’ailleurs leurs débuts comme praticiens
pour d’autres). L’artiste créait d’abord un prototype en terre
crue modelée. Ce matériau ne se conservant pas, un moulage en
plâtre était effectué et c’est à partir de ce plâtre original
que des versions en bronze, en marbre ou en plâtre pouvaient être
proposées aux acheteurs. Les bronzes étaient réalisés dans des
fonderies spécialisées mais les marbres étaient taillés par les
praticiens de l’atelier.
Un article d’Aimé Guilhaudin, dans
le Journal d’Uzès du 15 avril 1939, nous apprend que Wipff eut un
employeur inattendu : la duchesse d’Uzès ! Celle-ci
était artiste sculpteur sous le pseudonyme de Manuela. Elle voulait
réaliser une statue de Diane pour son château de Bonnelles dans les
Yvelines et demanda son aide au sculpteur Saint-Marceaux, « qui
lui envoya l’un de ses meilleurs praticiens qui était précisément
Wipff. Après un accueil des plus aimables, la duchesse dit à
celui-ci :
- Je vous dirai tout d’abord que
je compte vous occuper à Bonnelles pendant cinq ou six mois.
Combien gagnez-vous chez M. Saint-Marceaux ?
- Douze francs par jour, madame la
duchesse.
- Eh bien ! ici, vous aurez
quinze francs pendants tout votre séjour.
- Je vous remercie, madame la
duchesse.
- Oh ! bornez-vous à dire
simplement « Madame », mon ami. « Madame la
duchesse », ça, c’est bon pour les larbins. »
Après la Première Guerre, Wipff collabore à la Société de Grès Flammés et Céramiques (G. F. C.) de Saint-Amand-en-Puisaye, entre 1920 et 1924. Par la suite il revient dans le Gard : en 1924-25 il réalise le monument aux morts de Saint-Hippolyte du Fort. Dans les années 1930, il travaille pour la fabrique de céramiques Pichon à Uzès (qui éditait non seulement de la vaisselle mais aussi de petits bustes et médaillons en céramique). Peut-être avait-il été recommandé par la duchesse d’Uzès, qui avait un atelier de sculpture au sein de la manufacture Pichon ? Wipff décède à Uzès le 27 août 1939, c’est son employeur Henri Pichon qui déclare le décès à l’état-civil.
Qu’est-ce que ça représente et de quand ça date ?
Wipff a réalisé plusieurs versions de
ce bébé, à partir des années 1920 : la plus ancienne est
sans doute une version en grès de Puisaye, qu'on peut dater de ses
années de collaboration avec la Société des Grès Flammés et
Céramiques de Saint-Amand en Puisaye, donc entre 1920 et 1924. En
1926, Wipff expose une version en marbre à Nîmes (sous le titre
« Le Nourrisson ») : c’est sans doute l’œuvre
conservée au musée des Beaux-Arts de Nîmes sous le titre « Tête
d’enfant » et datée de 1926. Notre version en terre cuite
n'est pas datée. Son matériau est identique à celui utilisé par
la fabrique Pichon, donc elle a pu être réalisée dans les années
1930 au moment où Wipff était employé chez Pichon. Malgré
quelques usures sur la joue et un manque sous la base, la terre cuite
paraît plus expressive que le marbre, d’apparence plus figée.
Wipff semble avoir été influencé par
le sculpteur et céramiste Jean Carriès (1855-1894), qui a réalisé
plusieurs têtes de bébé, souvent coiffées d’un bonnet,
surgissant d’une collerette ou d’un drapé, isolées du reste du
corps (les épaules et le buste ne sont pas représentés). Carriès
avait été à l’origine de la mode des grès de Puisaye : il
s’était installé près de Saint-Amand en Puisaye à partir de
1888, pour se lancer dans la céramique. C’est peut-être lors de
ses années de travail pour la société GFC que Wipff a pu voir le
travail de Carriès et s’en inspirer.
Comment est-ce arrivé au musée ?
L’œuvre a été achetée en 2023 par
les Amis du musée à un brocanteur uzétien, qui vendait également
un lot de vaisselle en biscuit provenant de l’ancienne fabrique
Pichon (alors en cours de démolition) ; il est probable que le
buste vienne du même endroit. La famille Pichon a confié en dépôt
au musée d’Uzès un important ensemble de céramiques parmi
lesquelles figurent deux sculptures de Wipff : un bas-relief
(portrait d’Henri Pichon, 1938) et une réduction d’après la
nymphe de la Fontaine d’Eure, une des figures de la fontaine
monumentale de James Pradier à Nîmes (1851).
L’objet du mois de mars 2025 : chenet zoomorphe, âge du Fer
A quoi ça ressemble ?
C’est un objet en terre cuite rouge,
mesurant 15 cm de haut, représentant une tête d’animal aux
oreilles pointues, au museau carré, à l’encolure large. Elle est
cassée au bas du cou. L’argile a été modelée et creusée de
stries profondes évoquant les dents et le pelage de l’animal.
Comment est-ce arrivé au musée ?
C’est un mystère ! Cet objet se
trouvait déjà au musée d’Uzès en 1945, lorsque le nouveau
conservateur Georges Borias a entrepris l’inventaire des
collections. Mais comme beaucoup d’objets du musée, cette tête
d’animal avait sans doute perdu son cartel d’identification et le
conservateur n’a pu que mentionner « origine inconnue »
dans le registre d’inventaire.
D’où ça vient ?
Un article du Bulletin Archéologique
du Comité des Travaux Historiques nous éclaire : lors de
la séance du 14 décembre 1936, sont présentées au Comité les
découvertes récentes de l’abbé Bayol, curé de Collias et
archéologue amateur. L’abbé Bayol s’est notamment fait
connaître par ses explorations des grottes des gorges du Gardon,
dont l’une (ornée de peintures rupestres de la Préhistoire) porte
même son nom. L’article du Bulletin Archéologique signale
qu’il a trouvé « trois chenets en argile, encore inédits,
découverts l’un à Uzès […], les deux autres […] à
Collias. » Hélas l’article ne précise pas l’endroit
exact de la découverte à Uzès. Mais l’illustration ne laisse
aucun doute : c’est bien notre tête d’animal qui a été
trouvée à Uzès par l’abbé Bayol, au plus tard en 1936.
Or l’abbé Bayol avait participé à
une commission créé en 1931 par la municipalité d’Uzès pour
« s’occuper de la réorganisation et la remise en ordre du
musée » ; en effet le musée, créé en 1910,
connaissait depuis la Première Guerre une phase d’abandon. Un
article du Journal d’Uzès du 30 juillet 1938 confirme son
intervention : le maire d’Uzès rappelle que « M. le
Curé de Collias, le savant abbé Bayol, […] a bien voulu se
charger de remettre en ordre cette importante collection de
coquillages et d’objets préhistoriques. »
Il est donc possible que l’abbé ait
fait don de cet objet au musée qu’il a réorganisé, entre 1931 et
1936.
De quand ça date ?
D’après la comparaison avec des
objets similaires, cet objet date de la fin de l’Age du Fer (entre
le Ve et le Ier siècle av. JC). L’âge du Fer débute vers 800
avant notre ère et se termine avec la conquête de la Gaule par les
Romains. C’est une période d’évolution technologique, avec la
maîtrise de la métallurgie, qui est également caractérisée par
des sociétés de plus en plus hiérarchisées : les guerriers,
possesseurs d’armes en fer, ont une position dominante. Les
contacts avec le monde méditerranéen s’intensifient,
particulièrement dans le sud de la Gaule avec la présence de colons
grecs à Marseille, Nice, Agde, et dès le Ier siècle avant JC avec
l’implantation des Romains en Narbonnaise. C’est peut-être sous
l’influence des Grecs et des Romains qu’apparaissent les
premières villes : l’habitat se concentre dans des enceintes
fortifiées, souvent situées en hauteur, les oppida.
Les Gaulois partagent une culture
commune mais ils ne sont pas un peuple unique, plutôt une
juxtaposition de tribus souvent en guerre les unes avec les autres.
Le Languedoc oriental est le territoire des Volques Arécomiques,
connus à partir de la fin du VIe siècle.
A quoi ça servait ?
Comme l’indique le Bulletin
Archéologique, c’est un fragment de chenet. Les chenets n’ont
aujourd’hui plus qu’un rôle utilitaire dans nos cheminées, ils
servent de support aux bûches. Pour les Gaulois, ils étaient sans
doute également liés à des pratiques rituelles : on jetait
dans le feu les offrandes aux divinités ou aux défunts (nourriture,
statuettes, objets précieux). Il s’agissait d’un culte
domestique, pratiqué dans chaque foyer, attesté en Languedoc à
partir du Ve siècle avant notre ère. On a retrouvé de nombreux
chenets en terre cuite dans la zone entre Rhône et Hérault. Plus
tard, à l’époque gallo-romaine, apparaissent des chenets plus
volumineux, en pierre. Tous ces chenets sont généralement ornés de
têtes d’animaux : chiens, chevaux, béliers. Le terme même
de chenet vient de « chiennet » ou « petit
chien » !
Pour l’identification de notre
animal, les avis divergent. Le Bulletin Archéologique décrit
une tête de chien. Dans son livre Uzès celtique et romaine,
Jean Charmasson pense reconnaître un cheval. Alors, qui a raison,
chien ou cheval ? on pourrait aussi y voir un sanglier… Comme
le rappelle très justement Jean Charmasson, la sculpture gauloise
n’est jamais réaliste ; les formes sont simplifiées, souvent
difficiles à identifier avec précision. Le chien et le cheval
avaient pour les Gaulois un rôle symbolique fort : le chien
était le gardien du foyer, et le cheval transportait les âmes des
défunts dans l’au-delà. Tous deux avaient donc leur place sur un
objet lié au culte des défunts et à la protection du foyer.
La découverte de cet objet à Uzès
nous confirme qu’il y avait bien là dès l’époque gauloise une
agglomération, qui sera connue à l’époque gallo-romaine sous le
nom d’Ucetia.
L’objet du mois de février 2025 : bannière de la Société des Agriculteurs d’Uzès
A quoi ça ressemble ?
C’est un drapeau en soie verte bordé de franges dorées, mesurant environ 1 m de haut sur 1 m de large. Le centre est occupé par une bande horizontale de soie blanche, portant un décor brodé des deux côtés. D’un côté il représente dans un écusson un homme portant un long vêtement noir, accompagné de deux enfants. De l’autre côté on reconnaît divers outils, arrangés en composition symétrique, entourés de branches de chêne.Qu’est-ce que ça représente ?
Le personnage avec les enfants est
Saint Vincent de Paul, un prêtre français né en 1581 et mort en
1660, canonisé en 1737 pour son engagement dans les œuvres de
charité. Il a créé plusieurs ordres religieux (Lazaristes, Filles
de la Charité) et fondé à Paris l’hôpital des Enfants Trouvés
pour accueillir les orphelins. C’est pour cela qu’on le
représente souvent comme un prêtre en soutane noire, accompagné de
petits orphelins.
De l’autre côté, les outils représentés sont ceux des agriculteurs : charrue, bêche, fourche, faucille, râteau, fléau, accompagnés très logiquement par des gerbes de blé.
A quoi ça servait ?
Notre objet est une bannière
d’association, comme le revendique l’inscription brodée en
lettres d’or : celle de la « Société des agriculteurs
d’Uzès, Gard, fondée en 1801 ». Elle s’inscrit dans le
système des corporations, hérité de l’Ancien régime. Avant la
Révolution, pour exercer une profession, en particulier dans
l’artisanat, il fallait avoir suivi un apprentissage auprès d’un
membre de la corporation (sanctionné, pour les artisans, par une
épreuve pratique finale, la réalisation d’un « chef-d’œuvre »)
et avoir été reçu dans cette corporation. Les corporations avaient
à la fois un rôle de formation professionnelle, de syndicat
défendant les intérêts de la profession, de « conseil de
l’Ordre » (contrôle du respect des règles) et de mutuelle
qui venait en aide aux membres malades ou à leur famille en cas de
décès.
En 1791, la Révolution supprima le
système des corporations, offrant la possibilité à chacun
d’exercer le métier de son choix. Sous la Restauration, le
rétablissement des corporations fut envisagé mais non réalisé,
cependant à cette période réapparurent des associations
professionnelles, sans réel pouvoir autre que le secours mutuel et
souvent placées sous l’invocation d’un saint catholique. Notre
Société des agriculteurs a été précurseur puisqu’elle est
apparue dès 1801.
Le Journal d’Uzès du 12
octobre 1929 signale qu’elle a été « fondée en Pluviôse,
an IX de la première République [donc en janvier ou février 1801],
elle est certainement une des plus vieilles corporations de France
encore existantes. Notre chère cité d’Uzès a vu maintes fois en
ces dernières années ses adhérents défiler dans les rues de la
ville, précédés de son vénérable drapeau vert. »
Créée sous la Première République,
la Société était-elle placée dès l’origine sous le patronage
d’un saint catholique ? Napoléon Bonaparte, premier consul,
venait de rétablir la liberté de culte… mais la liberté
d’association était étroitement contrôlée. L’objet de la
Société (soutien aux agriculteurs, majoritaires dans la population
à l’époque) était suffisamment consensuel pour permettre son
existence.
Au XXe siècle, les corporations seront
peu à peu remplacées par les syndicats et les mutuelles que nous
connaissons aujourd’hui. Mais la Société était encore active en
1929, puisque l’article du Journal d’Uzès cité plus haut
annonce une réunion de ses adhérents.
De quand ça date ?
Le style de cette bannière et les
broderies visiblement réalisées à la machine sont certainement
plutôt datables de la fin du XIXe siècle que de 1801. Il est
possible que le choix de Saint Vincent de Paul comme patron date lui
aussi de la fin du XIXe siècle, en effet le pape Léon XIII l’avait
institué patron de toutes les œuvres charitables en 1885.
Comment est-ce arrivé au musée ?
Comme pour beaucoup de collections
anciennes du musée, le mode d’entrée de cet objet reste inconnu.
La bannière a été un temps conservée dans la sacristie de
l’ancienne cathédrale d’Uzès, comme le mentionnent les
inventaires des biens de la paroisse établis par le Diocèse en 1905
puis par l’Etat en 1906. Le musée d’Uzès a été créé en
1910. A cette date la Société des agriculteurs d’Uzès était
encore active, on a vu qu’elle le restera au moins jusqu’en 1929.
Par la suite il est possible que la bannière ait été stockée dans
la mairie. Un registre d’inventaire du matériel de la commune
d’Uzès, établi vers 1942, recense trois drapeaux de sociétés
dans la salle des Drapeaux. Hélas il ne précise pas de quelles
sociétés il s’agit ! Le musée se trouvant alors dans
l’hôtel de ville, lorsque le conservateur Georges Borias a établi
un premier inventaire des collections en 1945, il a peut-être inclus
ces vieilles bannières. En tous cas quatre drapeaux de société
figurent dans les collections (celle des Maçons, des Charpentiers,
des Agriculteurs et des Boulangers), sans indication de provenance.
Du fait de la fragilité du tissu,
cette bannière n’est pas exposée en permanence.
L’objet du mois de janvier 2025 : collection de coquillages
A quoi ça ressemble ?
C’est un ensemble d’une vingtaine
de caisses en bois peintes en noir, avec un couvercle vitré. A
l’intérieur sont rangés des coquillages, fixés sur des cartons
portant des inscriptions en latin avec une belle écriture à la
plume.
Qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit d’une collection de
coquillages, classés par espèces : les inscriptions en latin
correspondent à leur nom scientifique, le lieu de collecte est
également indiqué.
Qui l’a fait et de quand ça date
?
Cette collection a été constituée au
19e siècle par un Nîmois, Emile Espérandieu. C’était
un employé des chemins de fer, né vers 1851 à Vézénobres. Il ne
faut pas le confondre avec son célèbre homonyme, le commandant
Emile Espérandieu (1857-1939), éminent archéologue et auteur du
magistral Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de
la Gaule romaine. Notre Espérandieu s’intéressait non pas à
l’archéologie mais aux sciences naturelles et plus
particulièrement aux coquillages, qu’il commence à collectionner
à l’adolescence, accumulant ainsi en une quinzaine d’années
2000 espèces différentes. Il les classe et en établit le catalogue
manuscrit. Sa préface, datée du 1er janvier 1890, nous
apprend que la collection a été constituée principalement par
collectes dans les rivières et rivages méditerranéens de Nice à
Agde, et « en draguant avec des appareils perfectionnés ou de
mon invention la vase des marais et des canaux ». Les spécimens
exotiques ont été acquis par échanges avec d’autres
collectionneurs, et par achats : « Quelques espèces
exotiques rares m’ont été vendues au retour des bateaux faisant
le service des mers de l’Extrême-Orient. »
Espérandieu signale qu’il a
collaboré au classement de la collection de coquillages du muséum
de Nîmes, il a donc une certaine expérience dans ce domaine et
reprend d’ailleurs la classification adoptée par le muséum, celle
de Woodward : le scientifique anglais Samuel Pickworth Woodward
(1821-1865), auteur d’un manuel de conchyliologie, publié en
français en 1870.
Il précise quelles sont les espèces
représentées à la fois dans sa collection et celle du muséum, et
surtout, par « un amour-propre bien légitime, que tout
collectionneur comprendra », celles qui ne figurent que dans sa
collection !
Comment est-ce arrivé au musée ?
Emile Espérandieu décède à une date
inconnue. En avril 1913, sa veuve décide d’offrir sa collection au
musée d’Uzès, qui venait d’être créé en 1910. Pourquoi au
musée d’Uzès et pas au muséum de Nîmes ? Peut-être parce
que Mme Espérandieu était née à Moussac et semble y être revenue
après la mort de son mari : elle a sans doute privilégié le
musée le plus proche. De plus, même s’il y avait dans la
collection quelques espèces non représentées au muséum de Nîmes,
ce dernier possédait déjà des spécimens de la plupart de ces
coquillages.
Le 4 mai 1913, le journal Le
Petit Méridional annonce avec enthousiasme : « La
collection offerte à la Ville d’Uzès par Mme
Espérandieu-Rouvière, de Moussac, […] est splendide. Près de 600
spécimens, classés dans 27 vitrines, ont été recueillis dans les
divers pays du monde. Au moyen de ce classement, on peut facilement
faire en quelques heures un cours complet de conchyliologie. On
frémit en songeant à ce qu’il a fallu d’intelligente patience
aux deux époux pour mener à bonne fin ce travail merveilleux. Une
des salles de la mairie est réservée à cette précieuse
collection, qui fera l’admiration de tous les visiteurs. » Le
31 mai suivant, le journal indique que des étagères sont aménagées
pour présenter les vitrines, signe de l’intérêt porté par la
ville d’Uzès à cette collection.
Actuellement, sur les 27 vitrines
citées, 22 sont conservées, 5 ont disparu ; deux caisses
retrouvées en réserve contiennent aussi des coquillages en vrac,
certains encore collés sur leur carton de présentation. Il faut
dire qu’après l’arrivée de la collection, les difficultés
commencent pour le musée d’Uzès : à la suite de la Première
Guerre, les bénévoles qui le soutenaient disparaissent peu à peu.
Le musée sombre alors dans l’abandon jusqu’à l’arrivée de
l’enseignant Georges Borias, qui en devient le conservateur à
partir de 1945. Durant cette période d’abandon, des vitrines ont
pu être déplacées voire volées ou détruites...
Heureusement l’essentiel de la
collection de coquillages est conservé, même si elle ne peut être
présentée en permanence, faute de place. Méditons la conclusion d’
Espérandieu à la préface de son catalogue : « Puisse
mon modeste travail servir d’exemple aux désœuvrés de la vie et
à tous ceux qui traversent le monde infini de la Création, sans
tomber en admiration devant l’éternelle beauté de la Nature. »
L’objet du mois de décembre 2024 : photographie par Ulysse Dumas
A quoi ça ressemble ?
C'est une photographie en noir et blanc
montrant trois enfants, debout devant un mur : une fillette qui
tient d'une main des livres et un panier d'osier, de l'autre un
bouquet de fleurs, un garçon portant un sac à bretelles et un
béret, et un petit garçon vêtu d'une blouse à carreaux.
Comment est-ce arrivé au musée ?
Le négatif de cette photographie fait
partie d'un lot donné par Anita Dumas en 1980 : des négatifs
sur plaques de verre réalisés par son père Ulysse Dumas au début
du 20e siècle, ainsi que son appareil et son matériel
photographique. Des tirages
ont été réalisés à partir de ces négatifs par Catherine
Tauveron en 2009.
Qui l’a fait ?
Ulysse Dumas est né en 1872 dans une
famille aisée de propriétaires terriens à Baron, entre Uzès et
Alès. Il étudie au collège d’Uzès puis au lycée d’Alès,
avant de reprendre la ferme familiale après le décès de son père
en 1897. Parallèlement à son métier d’agriculteur, Ulysse Dumas
se passionne pour l’archéologie, présidant le petit Groupe
Spéléo-archéologique d'Uzès.
A la différence des autres
archéologues amateurs, Ulysse Dumas ne fouille pas juste pour se
constituer une collection, mais mène une véritable réflexion
scientifique qu’il communique dans des publications et transmet
aussi au Comité des Travaux Historiques du ministère de
l'Instruction Publique. Son travail est salué par les spécialistes,
mais sa santé est fragile et il décède en 1909 à seulement 36
ans.
Ulysse Dumas n'était pas seulement un
scientifique mais avait aussi une sensibilité artistique : il
écrivait de la poésie et pratiquait la photographie. Ce nouveau
média était encore réservé aux personnes disposant de bonnes
connaissances scientifiques et techniques et d’une certaine
aisance : les appareils étaient chers, peu maniables, il
fallait faire soi-même le développement en préparant ses produits.
De quand ça date ?
L'usage de la photographie s'est vite
répandu dans les milieux scientifiques, pour fournir des documents
d'une incomparable fiabilité. C'est Gabriel Carrière, conservateur
du musée archéologique de Nîmes, qui apprend la photographie à
Ulysse Dumas à la fin de l’année 1901 : il lui conseille un
appareil d'occasion et lui enseigne le développement des négatifs
et des tirages. Ces photographies ont donc été réalisées entre
1902 et 1907, avant que Dumas ne soit obligé de rester alité.
Qu'est-ce que ça représente ?
Parmi les négatifs transmis par sa
fille, les photographies scientifiques sont peu nombreuses, la
majorité sont des portraits de proches (famille, amis, voisins).
Elles sont toujours prises en plein air, souvent dans la cour de son
mas à Baron.
Leur intérêt tient au naturel des
modèles, au contraire des photographes professionnels de cette
époque (qui abusaient des mises en scène et des retouches). On y
sent la personnalité de Dumas, son regard plein de tendresse mais
sans tricherie.
Cette photographie montre trois enfants
(sans doute frères et sœur d'après leur ressemblance physique),
sur le chemin de l'école, comme l'indiquent les livres de la
fillette. La bourriche d'osier contient probablement le déjeuner des
enfants (à l'époque il n'y a pas de cantine scolaire), le bouquet
de primevères pourrait être un cadeau pour l'institutrice, à moins
qu'il ait été cueilli sur le chemin du retour pour leur mère. Le
plus jeune enfant, comme sa grande sœur, porte une blouse plissée,
boutonnée dans le dos (pour ne pas faire de taches d'encre sur ses
vêtements). Le garçon plus âgé porte une tenue qui évoque un
uniforme militaire (bérêt, veste à boutons métalliques).
Ils posent sans sourire : la prise
de vue est encore un rituel intimidant, avec un gros appareil qui
demande un long temps de pose immobile. Leur sérieux constraste avec
les chevelures décoiffées et les taches de rousseur qui révèlent
leur habitude du plein air.
Cette photographie est un document très
touchant sur la vie quotidienne des enfants de l'Uzège au début du
20e siècle.
L’objet du mois de novembre 2024 : masque Wé, Côte-d’Ivoire
A
quoi ça ressemble ?
C’est
un masque en bois aux formes anguleuses, en fort relief, peint de
couleurs vives (noir, blanc, rouge, bleu).
D’où
ça vient ?
Ce
masque provient de Côte d’Ivoire, il a été produit par le peuple
Wé (autrefois appelé Guéré), qui vit dans une zone de forêt
entre l’Ouest de la Côte d’Ivoire et le Libéria.
A
quoi ça servait ?
Les
masques Wé représentent un esprit protecteur, intermédiaire entre
les divinités et les humains. Notre masque a un aspect effrayant
avec des éléments empruntés aux animaux sauvages (cornes ou
oreilles pointues, langue tirée, crocs). C’est probablement un
« masque guerrier », il avait pour rôle de se mêler aux
combattants afin de les encourager, mais aussi d’imposer le
règlement des conflits internes au village.
Des
chants, danses et mouvements spécifiques étaient associés au
masque. Il faut aussi imaginer que le masque était complété par
des éléments qui ont disparu : on distingue des trous sur les
bords, qui devaient servir à maintenir des éléments évoquant une
chevelure (fibres végétales ou vrais cheveux), ou bien un tissu
permettant de recouvrir la tête. Le porteur du masque était
entièrement dissimulé grâce à des accessoires : une coiffe
de plumes et un costume volumineux (en général une jupe de fibres
végétales). Tout cela n’est hélas pas conservé : les
masques exposés dans les musées ne sont qu'une petite partie de
l'ensemble d'origine. De plus ils ont souvent perdu des éléments et
parfois même leurs couleurs, car les collectionneurs d’art
africain du 20e
siècle ont privilégié l’aspect esthétique des masques et enlevé
tout ce qui aurait pu gêner cette vision. Même quand ces éléments
n’étaient pas enlevés, leurs matériaux fragiles (fibres,
fourrure, plumes) ont souvent été détruits par le temps et les
insectes.
Comment
est-ce arrivé au musée ?
Dès
sa création au début du XXe siècle, le musée avait reçu en don
quelques objets africains. A
partir de 1946, le musée est dirigé par Georges Borias, artiste et
enseignant. La première exposition qu’il organise, en 1947, a pour
thème « L’Art exotique », notion « fourre-tout »
réunissant des œuvres d’Afrique de l’Ouest, de Madagascar, mais
aussi d’Inde, de Chine et du Viet-Nam, prêtées par des
collectionneurs privés. Le conservateur décide alors de développer
les collections du musée dans ce domaine de « l’ethnographie
d’outre-mer »,
liée à Uzès puisque la cité « a
fourni de nombreux cadres colonisateurs ».
Avec les années 1960 et la décolonisation, les acquisitions vont
peu à peu s’arrêter. Notre masque est un des derniers objets
africains acquis par Georges Borias, il a
été acheté en 1975 à un collectionneur privé.
Comment
c’était fabriqué et de quand ça date ?
Les
masques étaient réalisés par des personnes initiées, à partir du
bois d'arbres séléctionnés pour leur propriétés techniques et
symboliques. Le bois est taillé dans la masse, traditionnellement
peint avec des pigments naturels : noir de fumée, ocres ou
couleurs végétales pour le rouge, kaolin pour le blanc. Mais le
bleu vif a été obtenu à partir d'un matériau artificiel, le bleu
de lessive, aussi appelé « bleu Guimet » : des
boules de poudre bleu outremer servant à blanchir le linge,
inventées en 1826 par le chimiste lyonnais Jean-Baptiste Guimet, et
utilisées par les colons français. Cette couleur bleue intense,
très appréciée par les Africains, a été détournée pour peindre
les masques dès le 19e siècle. On en trouvait encore sur les
marchés africains au début des années 2000.
Notre
masque peut donc remonter au 19e siècle, il est en tous cas
antérieur à 1975 (date de son achat).
L’objet du mois d'octobre : « Portrait de Mgr Bauÿn »
A quoi ça ressemble ?
C’est un tableau
représentant un homme aux cheveux gris, portant un manteau bleu à rabat et une
croix autour du cou. Il est assis devant une table et tient un papier enroulé
sur lequel on distingue le dessin d’un bâtiment ; une bourse remplie de
pièces d’or est posée près de lui.
Comment est-ce arrivé au musée ?
Ce tableau fait
partie d’un ensemble de documents appartenant à l’hôpital d’Uzès, qui les a mis
en dépôt au musée en 1949 : plans anciens de l’hôpital, pots de pharmacie,
portraits…
Que représente le tableau ?
Comme l’indique
son costume, il représente un religieux : Bonaventure Bauÿn (1699-1779),
évêque d’Uzès de 1737 à 1779. C’est un évêque très actif qui fonde à Uzès une
école et fait reconstruire l’église Saint-Etienne, détruite pendant les guerres
de religion. C’est lui aussi qui décide d’agrandir l’hôpital.
L’Hôpital
d’Uzès existait sans doute dès le 13e siècle. Au 14e siècle, il occupe déjà son
emplacement actuel, en dehors des remparts de la ville, sur la route de Nîmes.
C’est une institution religieuse, comme tous les hôpitaux du Moyen-Age.
Longtemps gérée par des laïcs, à la suite des guerres de religion, elle passe
sous la tutelle de l’évêque à partir de 1661.
En
1746, Monseigneur Bauÿn décide de reconstruire l’hôpital, trop petit et vétuste :
il ne comprend qu’une petite chapelle et deux salles, et ne peut accueillir que
14 lits. Les travaux, confiés à l’architecte Guillaume Rollin, sont terminés en
1755. Le centre du bâtiment est occupé par une chapelle (ce qui montre bien
qu’il s’agit d’une institution religieuse avant tout). Le nombre de lits est
passé à 49. Les malades hommes et femmes sont séparés, logés d’un côté et de
l’autre de la chapelle. Des salles sont prévues pour la pharmacie et
l’infirmerie : les soins médicaux sont mieux organisés qu’au Moyen-Age. Des
pièces de service (cuisine, boulangerie, grenier, caves, buanderie) permettent
un fonctionnement en autonomie.
Sur le tableau
on reconnaît bien la façade de l’hôpital sur le papier que tient l’évêque, le
portrait rappelle donc son rôle dans la reconstruction, et indique clairement
sa contribution financière par la représentation de la bourse. Il faut savoir
que Bonaventure Bauÿn a financé sur ses fonds propres plus de la moitié du coût
des travaux, le reste provenant de dons et d’une taxe sur la viande de
boucherie.
On peut donc
imaginer que ce portrait a été peint pour lui rendre hommage. Autrefois il
était courant de conserver dans les hôpitaux les portraits des personnes qui
avaient contribué à ces institutions par des dons ou des legs (on les appelait
les « donatifs »). Monseigneur Bauÿn était un « donatif »
exemplaire puisqu’il a aussi choisi de léguer ses biens à l’hôpital après sa
mort en 1779
Qui l’a fabriqué et de quand ça
date ?
On ne le sait
pas : le tableau n’est ni signé ni daté. Mais il a sans doute été peint
pendant ou après la reconstruction de l’hôpital, donc autour des années 1750. Le
peintre n’a pas cherché à idéaliser son modèle, un petit homme maigre d’une
cinquantaine d’années, au visage ingrat avec son grand nez et ses lèvres
minces, mais éclairé par des yeux vifs, du même bleu que le mantelet de
velours. Cette austérité correspond à ce qu’on connaît de la personnalité de
Mgr Bauÿn, qui semblait peu soucieux de gloire et de pouvoir (il a refusé
d’être nommé évêque d’Auxerre puis archevêque de Besançon, pour faire toute sa
carrière à Uzès).
L’objet du mois de
septembre 2024 : « Bello Matinado »
par Félix Charpentier
A quoi ça ressemble ?
C’est une sculpture en plâtre, représentant une femme nue, grandeur nature, qui s’étire.
Qui l’a
fabriqué ?
La sculpture est une œuvre de Félix Charpentier (1858-1924).
Né à Bollène, Charpentier étudie la sculpture à l’école des Beaux-Arts à Paris.
Il devient un sculpteur apprécié, exposant chaque année au Salon des Artistes
Français, recevant de nombreuses commandes publiques : l’imposant monument
commémorant le centenaire de la réunion du Comtat Venaissin à la France
(Avignon, allées de l’Oule), le décor sculpté de la gare de Lyon à Paris, le
monument à Emile Jamais, à Aigues-Vives…
Qu’est-ce que ça
représente ?
Une jeune femme s’étire, elle vient de sortir du lit sur
lequel elle prend appui. Ce thème de la femme au réveil est fréquent dans la
sculpture du XIXe siècle. Mais finalement le sujet importe peu, c’est un
prétexte pour représenter un nu féminin voluptueux, sujet de prédilection de
l’artiste, typique de la Belle Epoque.
Le nu est apprécié mais l’évocation du lit surprend :
un critique décrit « une fille d’Eve, nue comme sa mère. Elle se grandit
en s’étirant : c’est le Matin
qui sort de son lit par la volonté de M. Félix Charpentier – et le peu que le
sculpteur a représenté du lit est trop précisé, gêne légèrement le goût. Mais
cette statue est le chef-d’œuvre de M. Félix Charpentier. La blancheur
immaculée du marbre fait resplendir la forme gracile, souple et nerveuse du
jeune corps et l’on remarque que M. Félix Charpentier a accordé au mieux
l’expression du visage à la volupté de l’attitude. »
De quand ça
date ?
Il y a plusieurs versions de cette œuvre, car comme tous les
sculpteurs du XIXe siècle, Charpentier travaille en plusieurs étapes. Il crée
d’abord un prototype en terre crue modelée. Ce matériau ne se conservant pas,
il en réalise un moulage en plâtre. A partir de ce premier moulage (ou plâtre
original), il pourra réaliser des versions en bronze, en marbre ou en plâtre.
Le plâtre original est exposé en 1907 au Salon des Artistes Français, puis
acheté par l’Etat et déposé au musée de Châteaudun. Une version en marbre est
également commandée en 1908 pour le musée d’Arras.
Comment est-ce arrivé
au musée ?
En 1909, le peintre José Belon décide de créer à Uzès un
musée de peinture et de sculpture (l’ancêtre du musée actuel), grâce aux œuvres
données par ses amis artistes. Belon est un Gardois installé à Paris, où il
fréquente d’autres méridionaux comme Charpentier, originaire du Vaucluse. Un
tableau de Belon (au musée des Beaux-Arts de Nîmes), intitulé « Portraits
de sculpteurs », représente d’ailleurs Charpentier parmi d’autres
sculpteurs, réunis pour l’exposition de leurs œuvres au Grand Palais lors du
Salon de 1908. En mars 1910, José Belon peut donc annoncer triomphalement dans
le Journal d’Uzès le don par Charpentier « d’un moulage grandeur nature de
sa Matinado, dont le succès au Salon
dernier fut considérable ».
Qu’est devenu l’objet ?
La statue est mentionnée parmi les œuvres envoyées pour
l’ouverture du musée d’Uzès en juillet 1910. A cette époque le musée est
installé dans plusieurs salles à l’étage de la mairie. Elle y est toujours en
1945, lorsque Georges Borias, alors jeune professeur de dessin, reprend la
direction du musée, quelque peu tombé dans l’abandon entre-temps. Borias l’inscrit
dans l’inventaire avec une attribution et un titre erronés (« L’Eveil »,
par Alix Marquet), preuve qu’à cette date la statue a perdu son cartel
d’identification. En 1958, Borias est muté à Paris et jusqu’à son retour à Uzès
en 1968, il ne peut s’occuper qu’à distance du musée, fermé par manque de
personnel. Dans les années 1970, la ville d’Uzès achète le bâtiment de l’ancien
évêché, le musée y est transféré et inauguré en 1978. Mais la statue semble
avoir disparu pendant la période de fermeture du musée entre 1958 et
1968 : à ce jour, elle n’a toujours pas été retrouvée. La pauvre Matinado
a sans doute été jugée trop encombrante et démodée, et un employé de mairie a
dû faire de la place sans en avertir le conservateur…
Si vous la retrouvez, prévenez-nous !
L’objet du
mois de juillet 2024 : « Portrait d’Adolphe
Alphand » par Alfred Roll
A quoi ça ressemble ?
Il s’agit d’un petit tableau carré. Il représente un homme à la barbe blanche, portant un chapeau haut-de-forme et un manteau noir, cadré en buste.
Qui l’a
fabriqué ?
La toile est signée en haut à gauche
« Roll » : il s’agit du peintre Alfred Roll (1846-1919). Elève
de Gérôme, Bonnat et Harpignies, il exposa au Salon des Artistes Français de
1870 à 1889 et au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1890 à 1919.
Roll navigua entre naturalisme et art officiel, réalisant avec autant de succès
des décors monumentaux (pour l’Hôtel de Ville de Paris, la Sorbonne, le Petit
Palais) que des scènes de la vie populaire. Ses nombreux portraits alternent
entre gens du peuple et célébrités parisiennes.
Comment est-ce arrivé
au musée ?
Lorsque le peintre José Belon décida en 1909 de créer un
musée à Uzès, il sollicita diverses personnalités pour soutenir son projet. En
tant que président et membre fondateur de la Société Nationale des Beaux-Arts,
Roll était un personnage influent, que Belon eut la fierté de compter parmi les
membres du Comité de patronage du musée... et parmi les donateurs ! En
effet c’est grâce aux dons d’artistes que furent constituées les collections du
musée.
Dans le Journal d’Uzès
du 3 juillet 1910, Belon annonça l’arrivée des premières œuvres : le
tableau de Roll figurait dans cet envoi.
Que représente le
tableau ?
Il représente une célébrité parisienne : Adolphe
Alphand (1817-1891), indispensable collaborateur du baron Haussmann, qui
transforma et modernisa Paris sous le Second Empire. Alphand fut d’abord chargé
de l’aménagement des espaces verts (en particulier le parc des Buttes
Chaumont). La chute de Napoléon III n’entrava pas sa carrière à la ville de
Paris, puisqu’à partir de 1871 il supervisa tous les chantiers publics de la
capitale. L’apogée de sa vie professionnelle fut la direction des travaux pour
l’Exposition Universelle de 1889, comprenant la construction de la tour conçue
par Gustave Eiffel.
De quand ça
date ?
Notre toile n’est pas datée mais c’est une étude
préparatoire pour un grand portrait d’Alphand, actuellement conservé au musée
du Petit Palais à Paris. Dans la version définitive, on voit l’ingénieur au
travail, tenant à la main une liasse de plans, sur un chantier de construction.
Le dôme des Invalides et la date de 1888 figurant sur ce grand portrait nous
indiquent qu’il s’agit certainement du chantier des travaux de l’Exposition
Universelle de 1889. Roll joue des contrastes entre la tenue sombre d’Alphand
et l’arrière-plan clair, entre l’attitude posée de l’ingénieur et l’agitation
des travaux. Il choisit de limiter sa palette au noir et aux nuances de gris,
pour concentrer l’attention sur la figure.
José Belon présente ainsi l’œuvre dans le Journal d’Uzès du 17 juillet 1910 :
« Le maître Roll nous offre la première étude du portrait d’Alphand,
l’ancien directeur des travaux de l’édilité parisienne, l’ingénieur réputé à
qui Paris doit la plus belle part de ses embellissements. Le portrait définitif
d’Alphand peint par Roll figure actuellement au Petit-Palais, à Paris ;
mais pour moi, cette première étude qui n’est qu’un fragment de l’œuvre
définitive, n’en a que plus de prix à mes yeux, car elle est le premier jet de
l’impression reçue, et par la spontanéité de la touche, cette toile nous donne
du talent de Roll la plus haute idée que l’on puisse s’en faire ; car le
grand artiste peint avec une vigueur peu commune et la matière colorante chez
lui ajoute, si l’on peut dire, à la vérité de ses portraits. Cette physionomie
d’Alphand par Roll est donc une des plus belles choses du Musée. »
L’objet du mois de juin 2024 : « Pierre de picote »
Qu’est-ce que c’est ?
C’est un galet poli en roche verte,
collé sur un support de bois avec deux éléments en bois taillé.
Comment est-ce arrivé
au musée ?
Cet objet fait partie d’un ensemble
d’objets (poteries, vestiges archéologiques, outils, documentation) collectés
par Marcel Duret, habitant d’Uzès passionné par le patrimoine local, et donnés
au musée par sa famille après son décès en 2014.
A quoi ça
servait ?
L’étiquette collée sur le support
de bois le précise : ce galet était une « pierre de picote »,
traditionnellement utilisée par les bergers pour protéger leurs troupeaux
contre la clavelée ou variole des moutons (« picoto » en occitan).
Cette roche basaltique à la couleur verte provient des Alpes et on en trouve
des galets dans le lit de la Durance et du Rhône. Elle porte des taches
caractéristiques, ressemblant aux pustules de la variole, d’où son nom
scientifique de « variolite ». Frappés par cette ressemblance, les
paysans ont y vu l’indice d’un pouvoir magique de protection contre la maladie.
Ils suspendaient des galets de variolite au cou des brebis ou en plongeaient
dans l’eau des abreuvoirs.
Les éléments en bois taillé qui
accompagnent notre pierre sont des clavettes : placées de chaque côté du
collier (en bois, en forme de U renversé), elles maintenaient la sangle en cuir
retenant la cloche. Ceci confirme l’inscription de l’étiquette, la pierre
devait être placée dans une sonnaille.
De quand ça
date ?
L’usage des variolites est sans
doute immémorial. Le Dr Marignan, archéologue et ethnologue, leur a consacré
une étude en 1908. Il remarque que les pierres de picote des bergers cévenols
provenaient de sites préhistoriques locaux plutôt que directement de la
Durance ; d’après lui, il est possible que dès le Néolithique on ait
utilisé les variolites comme protection contre les maladies.
Notre variolite a été collectée
avant 1914, probablement par Albert Hugues, auprès de M. Roussel, éleveur de
brebis à Saint-Geniès de Malgoirès. Albert Hugues (1876-1940), viticulteur à
Saint-Geniès de Malgoirès, était aussi un naturaliste avisé, membre de la
Société d’Etude des Sciences naturelles de Nîmes. Ami du paysan-poète Albert
Roux, de Sanilhac, il encouragea ce dernier dans la création d’un Muséon
Uzétien (ancêtre de l’actuel musée d’Uzès) sur le modèle du Muséon Arlaten
fondé par Frédéric Mistral. Ensemble, les deux amis lancèrent dans le Journal d’Uzès du 20 octobre 1912 cet
appel : « Que ceux qui
connaissent encore les légendes de leur village, […] que ceux qui connaissent
nos proverbes locaux, nos remèdes aux rites cabalistiques, ou aux préparations
alambiquées, que ceux-là apportent au Muséon, créé pour conserver sous toutes
ses formes l’âme vivante des ancêtres, le récit des traditions uzétiennes. Que
tous ceux-là apportent au Muséon les vieux objets, les vieilles histoires,
avant que le tout disparaisse pour toujours. » Anticipation étonnante
du concept de « patrimoine immatériel », actuellement au cœur de la
réflexion des musées d’ethnographie ! Si cette quête n’a pas laissé de
traces tangibles dans les collections du Muséon, elle a du moins abouti, deux
ans plus tard, à la publication par les deux amis du recueil Folklore dou parage d’Uzès (Malige,
Uzès, 1914).
Après la Première Guerre, Albert
Hugues, très affaibli, cessa ses recherches. Mais il avait transmis le goût de
la science à son fils Camille Hugues (1905-1986), professeur d’histoire et
éminent préhistorien. C’est Camille Hugues qui fit don de la variolite à M.
Duret en 1981. Son arrivée au musée, 34 ans plus tard, répare une lacune :
en effet, le Muséon Uzétien avait reçu une variolite, comme le signale le Petit Méridional du 20 octobre
1913 : « Don de M. Paul Verdier, de Masmolène, une pierre dite
« picoto », très caractérisée », mais celle-ci avait disparu
depuis...
L'objet du mois de mai 2024 : fontaine de table, fabrique Pichon
A quoi ça ressemble ?
C’est un grand vase avec un couvercle et un robinet sur la panse, posé sur un socle et complété par une vasque en losange. Il est en céramique de couleurs variées, formant comme les veines d’un marbre, et orné de fleurs en relief autour du col et d’un écusson sur la panse.
Qui
l'a fabriqué ?
La
poterie est un artisanat traditionnel des villages de l’Uzège,
grâce à la présence d’une argile abondante et de qualité. Mais
ce n’est qu’au 19e siècle que des potiers s’installent à Uzès
même : une famille de faïenciers marseillais, les Vernet, et
une famille uzétienne, les Pichon.
Contrairement aux Vernet qui n’ont
pas survécu aux années 1860, la fabrique Pichon, encore
actuellement en activité, a su se développer et s’adapter, en se
spécialisant dans la céramique d’ornement (vaisselle de luxe,
cadeaux de mariage, souvenirs pour touristes). Sept générations se
sont succédées depuis le fondateur de la fabrique au début du 19e
siècle, Jacques Pichon. C’est son fils François (1804-1877) qui
lance véritablement l’affaire, aidé par ses trois fils Jules,
Auguste et Alphonse. La fabrique est ensuite reprise par le fils
d’Auguste, Paul. Après ses descendants Henri puis Jean-Paul, c’est
aujourd'hui Christophe Pichon qui poursuit la tradition familiale
dans le nouvel atelier maintenant installé dans les locaux de
l'entreprise Athezza.
Comment c’est fabriqué ?
C’est
la technique appelée « terres mêlées » qui donne cet effet de
marbrures si particulier. Il est obtenu par le mélange, dans
l’épaisseur de la pâte, d’argiles de différentes teintes, à
ne pas confondre avec l’effet donné par des coulures d’engobes à
la surface d’une poterie.
Cette technique, pratiquée dès le
18e siècle à Apt (Vaucluse) mais également en Angleterre, est
reprise par François Pichon qui introduit de nouvelles couleurs. Aux
teintes naturelles des argiles blanche, rouge et brune, il ajoute le
vert (à l’oxyde de cuivre) et le bleu (au cobalt).
Les pièces en terres mêlées ne
sont généralement pas tournées (cela effacerait les marbrures),
mais moulées. Le potier mélange ses argiles colorées pour obtenir
un bloc qu’il découpe en tranches. Ce sont ces tranches qu’il
met en forme dans un moule en plâtre, comme une pâte à tarte dans
un moule. Après séchage la pièce est démoulée puis cuite au four
en deux fois, avec ajout d’un vernis transparent à la deuxième
cuisson.
A quoi ça servait ?
Ce vase est une fontaine de table :
un objet qui permettait de se laver les mains à une époque où
toutes les maisons n'avaient pas l'eau courante. La vasque sert à
recueillir l’eau. Le socle est équipé d'un petit tiroir qui peut
contenir un savon. Cependant la beauté de cette fontaine en faisait
un objet plus décoratif que vraiment fonctionnel.
Prouesses techniques par les
dimensions, le mélange des différentes teintes, l’abondance et le
raffinement du décor, les fontaines de la fabrique Pichon sont de
véritables chefs-d’œuvre. A ce jour, six modèles différents
sont connus : une fontaine réalisée pour le jubilé du pape
Léon XIII en 1888, une pour une famille alésienne, les de
Roux-Larcy, probablement à l’occasion d’un mariage en 1888, une
appartenant toujours à la famille Pichon (actuellement présentée
au musée), deux récemment passées dans des ventes aux enchères,
et notre fontaine. Si le décor est personnalisé aux armoiries du
commanditaire, la forme est toujours identique, en balustre, avec des
anses en anneaux surgissant de mufles de lions, un col bordé de
dentelures et entouré d’une rangée de fleurs. Jean-Paul Pichon
estimait le temps de travail nécessaire à la fabrication de ce
genre de pièce à 2000 heures… à cette époque, on ne comptait
pas son temps pour l’amour du beau métier !
Qui
l'a commandé ?
L'écusson
sur la fontaine porte les initiales JH, il est surmonté d'un chapeau
avec des cordons ornés de pompons. En héraldique, le chapeau
symbolise les ecclésiastiques, le nombre de pompons ou « houppes »
indique le niveau hiérarchique. Ici il y a trois houppes, il s'agit
donc d'un prieur ou d'un chanoine. Les initiales JH peuvent
correspondre au chanoine Jean Huc. Né à Nîmes en 1844, il est
ordonné prêtre en 1869. En 1893, il est nommé directeur de l'œuvre
de la Jeunesse de Nîmes (ou « Œuvre Argaud »). Il est
fait chanoine honoraire en 1900 et chanoine prébendé en 1909. Il
décède en 1919.
De quand ça date ?
Notre fontaine a peut-être été
offerte en cadeau au chanoine Huc pour sa nomination à la tête de
l'Œuvre Argaud en 1893. Cela correspondrait à la période de
fabriation des autres fontaines Pichon, dans les années 1880-1900,
bien que seule celle du pape Léon XIII soit datée avec certitude
(1888).
Comment
est-ce arrivé au musée ?
Cet
objet a été acheté par l’association des Amis du musée à un
collectionneur privé en 2014.
L’objet du mois d’avril 2024 : maquettes en liège de monuments antiques
A quoi ça ressemble ?
C’est un ensemble de trois maquettes
d’édifices, réunies dans une boîte vitrée. Il y a un édifice
sur plan carré formé d’arcades surmontées de colonnes, un pont à
trois niveaux d’arcades, et un fragment de façade avec des
colonnes supportant un fronton triangulaire.
Qu’est-ce que ça représente ?
Il s’agit de trois monuments romains
célèbres du midi de la France : le mausolée de Glanum à
Saint-Rémy de Provence, le Pont du Gard et un vestige du forum
romain d’Arles.
Le mausolée de Glanum était un
monument funéraire. Le Pont du Gard est un élément de l’aqueduc
long de 50 km qui amenait d’Uzès jusqu’à Nîmes l’eau de la
Fontaine d’Eure. Les colonnes et le fragment de fronton sont tout
ce qui subsiste en surface du forum, centre de la ville antique
d’Arles, ils sont englobés dans la façade d’un bâtiment
moderne.
Comment est-ce arrivé au musée ?
Cet objet a été donné en 1967 par
Mme Robert André, propriétaire du château de Saint-Privat, près
du Pont du Gard. Mme André était la fille de Jacques Rouché, qui
dirigea l’Opéra de Paris de 1913 à 1945, et qui acquit le château
en 1916.
Qui l’a réalisé et quand ?
Ces maquettes sont fabriquées en
liège. Cette technique est d’origine italienne, plus précisément
napolitaine. En effet les grandes crèches de Noël sont très
appréciées à Naples. Au XVIe siècle on a commencé à les
installer dans de véritables paysages miniatures, avec des arbres,
des rochers, mais aussi des ruines d’édifices antiques (un
environnement assez courant en Italie !). Pour ces modèles
réduits de constructions, on utilisait une matière première peu
coûteuse et facile à travailler : le liège, produit en
abondance autour de la Méditerranée. Par la suite, cette technique
est reprise à Rome, non plus pour meubler des crèches mais pour
réaliser des versions miniatures des édifices antiques de Rome.
Depuis le XVIe siècle, Rome attirait
les artistes, venus se former au contact des œuvres et des monuments
de l’Antiquité. A partir du XVIIIe siècle, des voyageurs fortunés
venus de toute l’Europe commencent à visiter Rome, c’est le
« Grand Tour », le début du tourisme. Les jeunes gens de
bonne famille viennent voir les vestiges de la culture romaine, dont
ils sont imprégnés par leur éducation (à cette époque, le latin
est la base de la plupart des enseignements, et l’art classique
reste la référence ultime). Beaucoup ramènent des souvenirs de ces
monuments : une gravure pour les plus modestes, un tableau ou
une maquette pour les plus riches... L’architecte anglais John
Soane en achète tout un ensemble, destiné à montrer à ses
étudiants de Londres des édifices qu’ils ne pourraient aller voir
sur place. L’architecte français Cassas fait de même, sa
collection sera achetée par l’Etat pour l’école des Beaux-Arts
de Paris.
Les maquettes en liège restent des
objets de luxe. A la fin du XVIIIe siècle plusieurs sculpteurs
italiens en font leur spécialité. Ils travaillent d’après des
gravures représentant les monuments antiques. Certains vont même
jusqu’à faire leurs propres relevés pour garantir l’exactitude
de leurs maquettes.
La phelloplastique (art de sculpter le
liège) trouve d’autres adeptes hors d’Italie, plus ou moins
sérieux. Si l’archéologue nîmois Auguste
Pelet réalise à partir de 1820 des maquettes des monuments antiques
de Nîmes (conservées au musée archéologique de Nîmes), c’est
dans un but scientifique, avec une précision qui fait encore
aujourd’hui l’admiration des spécialistes.
Mais pour d’autres, c’est une
production commerciale, fabriquée en série. C’est le cas d’un
fabricant marseillais, d’origine italienne ou grecque selon les
sources, Etienne ou Stéphane Stamati. Il démarre son activité
autour de 1790 et sa fabrique fonctionne encore à Marseille en 1810.
En 1808 il ouvre une antenne à Paris : un « cabinet de
phelloplastique » situé 14 rue Vivienne, dans lequel il
présente plus de 40 modèles différents, des monuments de Rome mais
aussi du Midi de la France. Un auteur signale toutefois que
« malheureusement il n’a pas fait dessiner ces monuments, et
plusieurs de ses modèles sont exécutés d’après les gravures de
Montfaucon, qui sont très inexactes » : il n’a pas fait
faire de relevés et travaille d’après les gravures assez
fantaisistes commandées au XVIIIe siècle par le bénédictin
Bernard de Montfaucon pour illustrer son ouvrage « L’Antiquité
expliquée et représentée en figures ».
Parmi les modèles vendus par Stamati,
figurent le mausolée de Saint-Rémy et le Pont du Gard. Nos trois
maquettes pourraient donc bien provenir de la fabrique de Stamati.
Leur manque d’exactitude, évident quand on les compare à leurs
modèles, correspondrait au défaut signalé plus haut. La boîte
vitrée dans laquelle elles sont présentées, avec ses montants en
forme de colonnes, est bien dans le goût néoclassique de la fin du
XVIIIe et du début du XIXe siècle.
Ces maquettes ont pu être acquises à
cette époque par les anciens propriétaires du château de
Saint-Privat, la famille Faret qui y vécut jusqu’en 1865. Une
façon de s’approprier le Pont du Gard voisin...
Réécoutez l'émission Fréquence Musées, avril 2024
L’objet du mois de mars 2024 : « Bacchus » par Antonin Carlès
A quoi ça ressemble ?
Il s’agit d’une statue en plâtre, mesurant environ un mètre
de haut, représentant un jeune homme nu, couronné de grappes de
raisin, tenant à la main une coupe, un félin à ses pieds.
Qui l’a fabriqué ?
Cette statue est une œuvre du sculpteur Antonin Carlès
(1851-1919). Né dans le Gers dans une famille modeste (son père est
ouvrier plâtrier), Carlès se forme aux Beaux-Arts de Marseille,
Toulouse et enfin Paris où il s’installe, devenant un artiste
reconnu. Il expose au Salon à partir de 1878 et très vite, reçoit
commandes officielles et récompenses Membre de la Société des
Artistes Français.
Comment est-ce arrivé au musée ?
En 1909, le peintre gardois José Belon décide de créer à Uzès
un musée de peinture et de sculpture (l’ancêtre du musée
actuel). Belon est installé à Paris, où il fréquente de nombreux
artistes, auxquels il demande de donner des œuvres. Carlès a sans
doute donné la statue à cette occasion, bien qu’elle ne figure
pas dans la liste des premières œuvres reçues par le musée en
1910.
Qu’est-ce que ça représente ?
Carlès a souvent sculpté des figures allégoriques et des
monuments commémoratifs, dans un style académique mêlant
références à l’Antiquité, classicisme et touches de réalisme.
Il a choisi une divinité antique : Bacchus (comme
l’appelaient les Romains) ou Dionysos (son nom grec), fils de
Jupiter (ou Zeus) et d’une mortelle, Sémélé. Comme l’indiquent
la coupe et les grappes de raisin, Bacchus est associé au vin et à
l’ivresse, mais aussi à la fureur et à la transe. Il est souvent
représenté accompagné de satyres (mi-hommes mi-boucs) et de
bacchantes (femmes en transe), parfois monté sur un char traîné
par des panthères. Les panthères rappellent les voyages exotiques
du dieu (qui serait allé jusqu’en Inde), et la sauvagerie qu’il
peut déchaîner chez les humains. Ici pas de char ni de
rugissements, juste un animal paisible ressemblant plutôt à un gros
chat, se prélassant aux pieds de son maître. Quant à Bacchus,
c’est un tout jeune homme à la silhouette gracieuse et androgyne.
En 1497, Michel-Ange avait déjà représenté Bacchus en jeune homme
couronné de grappes de raisin, une coupe à la main (musée du
Bargello à Florence), mais son Bacchus semblait ivre et titubant,
appuyé sur un petit faune qui mangeait des raisins. Carlès nous
donne une version plus lisse et moins sensuelle de la divinité.
De quand ça date ?
Carlès présente une première version en plâtre de cette œuvre
au Salon des Artistes Français en 1904 (n° 2744). Au 19e siècle,
les sculpteurs travaillent en plusieurs étapes. On crée d’abord
un prototype en terre crue modelée. Ce matériau ne se conservant
pas, il faut en réaliser un moulage en plâtre. A partir de ce
premier moulage (ou plâtre original), on pourra réaliser des
versions en plâtre, en bronze ou en marbre.
Le Bacchus connaît un vif succès : le plâtre de 1904 est
acheté par l’Etat, ainsi que le bronze présenté l’année
suivante, au Salon de 1905 (n° 2927). Suivront une version en
marbre, ainsi que de nombreuses versions en bronze et en biscuit de
Sèvres, dans différentes grandeurs. Curieusement, toutes ne sont
pas identiques : certains Bacchus sont complètement nus,
d’autres portent un petit drapé autour de la taille, peut-être
une modification permettant une diffusion « grand public »
de la statuette ?
Notre Bacchus est nu, c’est probablement un surmoulage de la
version en marbre, de même grandeur. En mauvais état, il a
bénéficié en 2009 d’une restauration par André Dumonnet et
Christine Foulché, avec un bon nettoyage, la consolidation de
fissures au niveau des jambes et la réparation des parties brisées :
la main tenant la coupe et la queue de la panthère.
L’objet du mois de février 2024 : « Les Chemins d’André Gide » par Martine Lafon
A
quoi ça ressemble ?
C’est
un ensemble de quatre cadres vitrés mesurant chacun 40 cm de haut
sur 50 cm de large, comprenant chacun une photographie en couleurs et
une estampe en noir et blanc. Les verres des cadres portent des
motifs gravés.
Qui
l’a fabriqué ?
Les
cadres sont signés et datés en bas à droite : « Martine
Lafon, 2001 ». Longtemps installée à Uzès, Martine Lafon est
une artiste qui utilise des formes variées : dessin, estampe,
livre d’artiste, mais aussi interventions « in-situ »
dans des lieux et paysages variés. Artiste nomade, depuis une
trentaine d’années, elle expose et crée dans les endroits les
plus divers, dans toute la France (notamment grâce à des résidences
artistiques) mais aussi en Pologne, en Lettonie...
Qu’est-ce
que ça représente ?
Cet
ensemble formant polyptyque est intitulé « Les Chemins d’André
Gide ». Chacun des cadres porte en légende le nom d’un
endroit de la vallée d’Eure à Uzès, lieu cher à Gide qui
raconte dans son récit autobiographique Si
le Grain ne meurt
les promenades de son enfance lors de ses vacances chez sa grand-mère
à Uzès. On identifie ainsi « Gisfort », « Le
Serbonnet », « Le chemin de la falaise », « Le
chemin des bugadières ».
Le récit de Gide ne pouvait pas laisser insensible Martine Lafon, qui a un temps exercé comme guide conférencière, grâce à sa connaissance approfondie de l’histoire et du patrimoine local. De plus, le paysage est une de ses thématiques de prédilection. Elle aime confronter les détails de paysages photographiés et leur interprétation graphique, en de subtils décalages et variations : « L’usage de la photographie permet de prélever un élément particulier de l’environnement. [...] Il déclenche alors de la matière à dessiner qui revisite la photographie ou lui fait écho » (site www.martinelafon.com ).
C’est ainsi que, s’inspirant de passages de Si le Grain ne meurt, l’artiste saisit quatre fragments de la vallée d’Eure, mis en regard d’estampes qui n’en sont jamais des reproductions fidèles mais plutôt d’autres points de vue, vus sous d’autres angles et transposés de la netteté de la photographie en couleurs à la matière rugueuse du trait en noir et blanc. Les plaques de verre gravées qui recouvrent les cadres achèvent de brouiller les pistes et d’unifier ces images hétérogènes.
Il ne s’agit pas d’une simple illustration du texte de Gide ; l’artiste a choisi de se détacher de la stricte représentation du réel, privilégiant les grandes masses rocheuses plutôt que la rivière et les résurgences qui baignent les prés. Ses estampes dégagent les lignes de force, éliminent la végétation qui pourrait adoucir les contours, révélant « cet étrange amour de l’inhumain, de l’aride » que chantait l’écrivain. Le regard se perd, sans rien pour donner une échelle de proportions : on pourrait tout aussi bien y voir des détails microscopiques qu’un site grandiose. Mais l’artiste ouvre des pistes : un sentier suit la crête d’une dalle calcaire, des marches taillées dans le rocher nous incitent à descendre. Vers quoi ? La rivière reste cachée et la vallée garde son mystère, attraction irrésistible pour un enfant aventureux comme pouvait l’être le petit André... Il n’est pas indifférent de souligner ici la prédilection de Martine Lafon pour les personnages de contes (le Petit Chaperon Rouge, Alice au pays des merveilles, Pinocchio), que la curiosité pousse à explorer des chemins dangereux.
De
quand ça date ?
L’œuvre
est datée de 2001, année du cinquantenaire de la disparition
d’André Gide (1869-1951). Elle a également donné lieu à la
publication d’un livre d’artiste, la même année, aux éditions
Post Rodo à Uzès, « Un
petit mamelon calcaire », André Gide et le paysage uzétien.
Le livre reprend les mêmes images que le polyptique ; les
verres gravés sont remplacés par des feuilles de papier calque
imprimé en blanc. Dans son texte d’introduction, Martine Lafon
note avec justesse que lorsque Gide écrit ses pages sur Uzès, il a
déjà beaucoup voyagé, et que des paysages étrangers viennent se
superposer à ses souvenirs d’enfance. Devant le Pont
Saint-Nicolas, il évoque la Palestine ; la petite cité a pour
lui le charme de celles de l’Ombrie ; quant aux rochers de la
vallée de l’Eure, ils ressemblent à des falaises marines (comme
celles d’Etretat, proches de son domaine normand de Cuverville), et
la « garrigue rauque » préfigure sa fascination pour les
déserts d’Afrique du Nord. Ainsi Uzès est comme la matrice de
tous les paysages de sa vie future. C’est que la petite cité
occupait dans le cœur de Gide une place préservée : racines
familiales, mémoire de ses ancêtres protestants, mélange paradoxal
de douceur et d’austérité...
Comment
est-ce arrivé au musée ?
L’œuvre
a été achetée par l’association des Amis du musée en 2002 avec
le soutien du FRAM (fonds régional d’acquisition pour les musées)
Languedoc-Roussillon. Elle a trouvé sa place dans la salle consacrée
à André Gide. Le musée conserve de nombreux documents et portraits
de l’écrivain mais il est important de montrer que son œuvre est
toujours actuelle et inspire encore les artistes contemporains.
Réécoutez l'émission Fréquence Musées, février 2024
L’objet du mois de janvier 2024 : « Les brodeuses de Pont-l’Abbé » par Berthe Bourgonnier-Claude
A quoi ça ressemble ?
C’est un dessin au pastel, de grand
format (H 105 x L 125 cm), encadré sous verre, aux couleurs
lumineuses : jaune, vert, bleu, violet.
Qui l’a fabriqué ?
Ce pastel est une œuvre de Berthe
Bourgonnier-Claude. On sait peu de choses de cette artiste, qui
vivait à Paris à la fin du XIXe siècle et serait décédée en
1922. Elle est l’épouse du peintre Claude Bourgonnier, dont elle
reprend le nom. Comme lui, elle expose régulièrement au Salon des
Artistes Français, de 1898 à 1921, des tableaux et des pastels.
Pendant longtemps, il a été très
difficile aux femmes de faire carrière comme artistes. L’accès à
une vraie formation et à une reconnaissance professionnelle leur
était restreint, voire interdit : si au XVIIIe siècle
l’Académie royale de Peinture et de Sculpture accepte quatre
femmes (« un nombre suffisant pour honorer
leur talent », selon le directeur), la Révolution
supprime purement et simplement cette possibilité. De même les
écoles d’art n’acceptent pas les femmes, car l’enseignement
artistique repose sur le dessin de nu et il serait inconvenant qu’une
femme soit exposée à la vision de modèles nus… L’Ecole
nationale des Beaux-Arts n’ouvrira ses portes aux femmes qu’en
1897.
Au XIXe siècle, les femmes qui veulent
devenir artistes sont donc souvent formées dans des écoles privées
comme l’Académie Jullian, ou bien elles bénéficient d’un
apprentissage familial grâce à un père ou un époux artiste. Pour
faire connaître leurs œuvres, elles doivent exposer aux Salons qui
présentent chaque année à Paris l’actualité de la création. Là
encore leur place est marginale : 5 % des peintres en 1863, 15 %
en 1889… Beaucoup de femmes sont contraintes d’abandonner leur
carrière artistique quand elles se marient et ont des enfants :
dans la société bourgeoise du XIXe siècle, la place de la femme
est au foyer.
Face à toutes ces difficultés, des
femmes artistes décident de se regrouper et de créer leur propre
Salon : l’Union des Femmes Peintres et Sculpteurs est créée
en 1881. Berthe Bourgonnier-Claude en fait partie, elle expose au
Salon de l’Union et obtient même le 2e prix en 1907.
De quand ça date ?
L’œuvre est signée mais pas datée.
Dans les années 1907 à 1911, Berthe Bourgonnier-Claude a exposé au
Salon beaucoup de scènes situées en Bretagne, ce pastel date sans
doute de cette époque.
Qu’est-ce que ça représente ?
Un groupe de femmes en costumes bretons
sont installées en plein air, en train de faire de la broderie. Le
soleil filtré par le feuillage des arbres fait des taches de lumière
sur leurs vêtements.
Depuis le milieu du XIXe siècle, la
Bretagne, longtemps isolée, est devenue plus accessible grâce au
chemin de fer et le tourisme commence à s’y développer avec la
mode des bains de mer. Les Parisiens découvrent avec étonnement les
paysages sauvages et les habitants en costumes traditionnels colorés,
qui ne parlent pas toujours français… tous les ingrédients de
l’exotisme sont là, sans même quitter les frontières de la
France ! Les ethnologues se passionnent pour des traditions qui
sont sur le point de disparaître (c’est l’époque de création
des premiers musées de folklore breton). Les artistes cherchent des
sujets pittoresques. Gauguin, à Pont-Aven, sera le plus illustre,
mais il n’est pas le seul.
Berthe Bourgonnier-Claude suit ce
mouvement initié trente ans auparavant, en allant dessiner une
activité traditionnelle du Finistère : la broderie, d’abord
exercée par les hommes, puis par les femmes à partir du XXe siècle
(59 brodeuses recensées en 1901 à Pont-l‘Abbé), un savoir-faire
qui se maintient de nos jours car il y a chaque année une Fête des
Brodeuses à Pont-l’Abbé, avec le couronnement d’une reine des
brodeuses.
Sans avoir la modernité des Nabis, ce
pastel a des couleurs audacieuses qui peuvent trahir leur influence.
Par ailleurs le choix du sujet
correspond bien à ce qui était admis pour une femme artiste :
des natures mortes, des portraits, des scènes de la vie domestique
ou familiale, surtout pas de nu ou de sujets pouvant offenser la
morale. Les cabarets ou les maisons closes, si souvent représentés
par les peintres de cette époque, restent réservés aux hommes !
Comment est-ce arrivé au musée ?
Ce pastel a été offert au musée en
1913 par la duchesse d’Uzès. La duchesse était elle-même
artiste, elle pratiquait la sculpture sous le pseudonyme de Manuela.
C’était aussi une militante féministe, qui se battit toute sa vie
pour le droit de vote des femmes. Enfin c’était une personnalité
mondaine, elle-même issue d’une grande famille de l’aristocratie
(Rochechouart-Mortemart) et veuve du duc d’Uzès. Pour toutes ces
raisons, l’Union des Femmes Peintres et Sculpteurs l’avait
désignée comme présidente.
Avec ce don, la duchesse a donc fait
une double bonne action : elle a d’abord soutenu une artiste
membre de l’Union en lui achetant une œuvre, et elle a aussi
enrichi le musée qui venait de se créer à Uzès en 1910.
Réécoutez l'émission Fréquence Musées, janvier 2024
L’objet du mois de décembre 2023 : "Les Portefaix", par Xavier Sigalon
L’objet
du mois de novembre 2023 : couteaux de jet africains
L’objet
du mois d'octobre 2023 : statue-menhir du Bon Diablet
L’objet
du mois de septembre 2023 : portrait du Dr Bois, par José Belon
L’objet
du mois de juillet 2023 : disque de musique russe d'André Gide
L’objet du mois de juin 2023 : armoire peinte de la famille Bros-Puechredon
L’objet
du mois de mai 2023 : marmite en terre vernissée, Saint-Quentin
L’objet du mois d'avril 2023 : portrait de Catherine Gide, pastel par Simon Bussy
L’objet du mois de mars 2023 : tête de jeune garçon, sculpture par Ketzkarov
L’objet du mois de décembre 2022 : canne d’André Gide
L’objet du mois de novembre 2022 : chapiteau roman
L’objet du mois d’octobre 2022 : vue de l’église Saint-Etienne
L’objet du mois d’août 2022 : trompe de chasse
L’objet du mois de juin 2022 : deux pots de pharmacie
L’objet du mois de mars 2022 : « Jamais sans sa redingote », de Mireille Laborie
L’objet du mois de décembre 2021 : Portrait de Janie Bussy, par Jean Vanden Eeckhoudt
Radio Fuze a cessé d'émettre entre 2019 et 2021, dans l'attente d'une fréquence définitive sur 107.5 FM.
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L’objet du mois de décembre 2017 : stèle funéraire de tonnelier
L’objet du mois de mai 2017 : "Le Voyage au Congo" d'André Gide
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Emission spéciale « Journées Catherine Gide »
Les 23 et 24 avril ont eu lieu les troisièmes Journées Catherine Gide au Lavandou : deux jours de conférences et de rencontres autour d'André Gide. Fréquence Musées y était, et vous fait découvrir la personnalité hors du commun de l'amie de Gide, Maria Van Rysselberghe, surnommée la « Petite Dame », révélée par une exposition à l'Hôtel de Ville du Lavandou, à voir jusqu'au 30 mai 2016.
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L’objet du mois d'octobre 2015 : « La Lutte d’hommes », par José Belon
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L’objet du mois d’août 2015 : drapeau des Sapeurs-Pompiers d’Uzès
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L'objet du mois de mai 2015 : chaise à porteurs de la famille d'Amoreux, 18e siècle
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L’objet du mois d'août 2014 : « Le jour de la grève, pont du Rialto, Venise, 1904 » par Marcelle Rondenay
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L’objet du mois de mars 2014 : brique de la fabrique Ducros à Saint-Quentin la Poterie
L’objet du mois de février 2014 : « Carmen » par Henri Allouard
L’objet du mois de janvier 2014 : bannière des cheminots catholiques d’Uzès
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L’objet du mois de décembre 2013 : pipe en terre « Jacob », fabrique Job Clerc
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L’objet du mois de novembre 2013 : « Etude de tête et de mains » par Melchior Doze
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L’objet du mois d'octobre 2013 : portrait tissé de Xavier Sigalon
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Exceptionnellement, pas d'Objet du mois en août 2013
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L’objet du mois de juillet 2013 : défense de mammouth
L’objet du mois de juin 2013 : calebasses gravées de Guyane
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L’objet du mois de mars 2013 : « Les brodeuses de Pont-l’Abbé », par Berthe Bourgonnier-Claude
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L’objet du mois de novembre 2012 : carreaux de pavement du 14e siècle
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4 commentaires:
Bonjour,
Il est noté dans votre notice que le duchesses d'Uzès avait un château à Bonnelles
Ce qui est exact...
Par contre Bonnelles se trove dans la région parisienne, dans l'actuel département des Yvelines et non en Bourgogne
Cordialement
Bonjour,
merci pour cette précision, j'ai corrigé le texte.
bien cordialement
La Conservatrice
Bonjour,
Je ne sais pas s'il y a un rapport mais au sujet du tableau "Les brodeuses de Pont-l'Abbé", offert par la duchesse d'Uzès, née Mortemart, au musée, la famille de Mortemart possédait à l'époque où le tableau a été peint le château du Cosquer à Combrit, commune distante de quelques kilomètres de Pont-l'Abbé.
Bien cordialement,
Serge Duigou.
Bonjour,
merci pour l'information, c'était sûrement une motivation supplémentaire pour la duchesse dans le choix de cette oeuvre !
bien cordialement
La Conservatrice
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