Historique et collections

Le musée d’Uzès est né au début du XX siècle des initiatives simultanées de deux enfants du pays, un artiste et un poète. Le peintre José Belon fit appel aux dons de ses amis artistes pour créer un musée de Beaux-Arts. Quant au félibre Albert Roux, il constitua un " Museon Uzétien " présentant les traditions locales sur le modèle du Museon Arlaten fondé par Frédéric Mistral à Arles.
Les deux ensembles furent regroupés et installés en 1910 dans l’Hôtel de Ville d’Uzès, complétés par une collection d'archéologie locale.
Au lendemain de la deuxième Guerre Mondiale, le musée était tombé dans l’abandon. Georges Borias, professeur de dessin au lycée d’Uzès, entreprit de le ressusciter, de le réorganiser et de l’enrichir, assumant bénévolement pendant plus de quarante ans la mission de conservateur du musée qui porte aujourd’hui son nom, et qui est reconnu comme " musée de France " par le ministère de la Culture.
Depuis 1978, le musée est installé dans l’ancien palais épiscopal du XVIIe siècle, superbe bâtiment entre ville et garrigue. Les salles offrent un agréable parcours aux thèmes variés.




Les collections d’archéologie, toutes de provenance locale, retracent l’évolution de l’Uzège,
de la Préhistoire à l’époque gallo-romaine. Elles comprennent l'ensemble réuni par Eugène Delorme, sculpteur et archéologue amateur à Uzès à la fin du XIXe siècle : mobilier trouvé dans les grottes des gorges du Gardon, principalement de la période néolithique. S’y ajoute une importante collection léguée par l’archéologue Achille Trouchaud dans les années 1950 (poteries néolithiques de provenance locale). A l’occasion du réaménagement de la salle d’archéologie en 1988, l’association Histoire et Civilisation de l’Uzège a consenti des dons et des dépôts d’objets trouvés lors de fouilles en Uzège ; quelques dépôts ont aussi été faits par le Service Régional de l’Archéologie.


La cité sous l’Ancien Régime est évoquée par des plans et cartes anciens, des portraits de personnages célèbres nés à Uzès (Moÿse Charas, apothicaire de Louis XIV, l’amiral de Brueys, héros de la bataille d’Aboukir), ainsi que les évêques d’Uzès, la duchesse d’Uzès… Des objets du quotidien rappellent les traditions locales, métiers disparus tels que les « débassaïres » (faiseurs de bas de soie), mais aussi loisirs d’autrefois, avec en particulier le spectaculaire tableau de José Belon représentant un concours de lutte d’hommes lors d’une fête votive. L’artisanat d’art, très développé dans la région, a produit de merveilleux objets. Aux XVIIe et XVIIIe siècles se développe une tradition du meuble peint, les fameuses « armoires d’Uzès » dont le musée conserve trois beaux exemples datés du début du XVIIIe siècle.

Toute une salle est consacrée à la poterie de l’Uzège : vaisselle rustique de Saint-Quentin, Serviers, Uzès, céramique décorative d’Uzès (en particulier les fameuses « terres marbrées », spécialité de la fabrique Pichon). La collection comprend des pièces anciennes de la 1ère moitié du XIXe siècle, ainsi que des poteries du XVIIe siècle retrouvées lors de fouilles à Saint-Quentin. C’est une des plus belles collections de céramique locale du département. Le musée possède aussi des outils de fabrication de la céramique : un tour de potier, des moules en plâtre et des cazettes, ainsi que des outils servant à fabriquer les pipes en terre (usine Job Clerc à Saint-Quentin).

Uzès a donné naissance à des peintres importants. Le musée ne possède hélas qu’une gravure de Pierre Subleyras (1699-1749), mais Xavier Sigalon (1787-1837) et Ferdinand Roybet (1840-1920) sont bien représentés par des peintures et dessins. Les peintures rassemblées par José Belon au début du XXe siècle reflètent le goût de la Belle Epoque : femmes à l’enfant, bouquets de fleurs, paysages bucoliques… Des œuvres plus récentes complètent ce fonds, dues à des artistes liés à la Provence et à l’Uzège. Aux côtés de Chabaud, Seyssaud, Albert André, Bouquillon, un important ensemble de tableaux de Charles Pierre-Humbert a été donné par sa veuve.

C’est à Uzès que l’écrivain André Gide passa ses vacances d’enfance, auprès de ses grands-parents paternels. André Gide n’est guère revenu à Uzès par la suite. Mais il a si merveilleusement évoqué la petite ville de ses aïeux qu’elle lui devait bien une salle dans son musée. Unique au monde, ce fonds constitué grâce au soutien de sa fille Catherine et de l’association des Amis d’André Gide, présente des portraits, des souvenirs personnels, des manuscrits, des correspondances, des éditions illustrées… Des expositions temporaires concernant Gide sont régulièrement organisées par le musée : en 1993, « Gide et ses peintres », en 2001, « André Gide, un homme libre », en 2004 « Désir du Sud, Gide et le Maghreb », en 2011 "André Gide, un album de famille" (avec la Fondation Catherine Gide).
Le musée évoque aussi le séjour à Uzès d’un autre grand écrivain, deux siècles avant Gide : Jean Racine, alors jeune orphelin, venu chercher en 1661 auprès de son oncle, chanoine à la cathédrale d’Uzès, un bénéfice ecclésiastique. D’abord sous le charme d’Uzès et de ses nuits « plus belles que vos jours », Racine dut repartir bredouille. Le chapitre d’Uzès y a peut-être perdu, mais la littérature y a beaucoup gagné…